3/21/2020

Aller et venir

L'Etat, comme instance de contrôle social, est par principe hostile à la liberté d'aller et venir, dit l'Ethnologue. On peut ici citer Paul Virilio: "Directement ou indirectement, les lois s'opposent toujours à la liberté du mouvoir. (...) La montée de l'Etat occidental, ce n'est que l'expansion de son étant contre tout existant, la production et la reproduction de son champ de stratagèmes, champ artificiel créé entre les pôles opposés du mouvoir et du mû, et qui aujourd'hui n'est plus seulement celui d'une armée, d'une police, d'une administration, mais celui de l'ensemble planétaire" (1). Bref, de tout temps, l'Etat s'est employé à limiter la liberté d'aller et de venir, à la soumettre à diverses contraintes de fait ou de droit. Mais particulièrement à notre époque. Essayez, par exemple, d'aller et venir dans une banlieue à risques. Juste, essayez. On ne saurait dire non plus que la réintroduction récente du loup et de l'ours en ... encourage beaucoup de gens à aller et venir en certains lieux. Cela aussi relève du contrôle social. Le reste vous est connu: téléphonie mobile, drones, caméras-vidéos, etc. Vous vous croyez libres d'aller et venir où bon vous semble, en fait l'Etat ne vous quitte jamais des yeux. Il sait toujours où et avec qui vous êtes, ce que vous faites, etc. Au-delà, il ne rêve que d'une chose: vous savoir tranquille à la maison, sans autre lien avec le monde extérieur que les écrans du télétravail et/ou de l'enseignement à distance. Or, grâce à cette pandémie (fort bien instrumentée, il faut le reconnaître), le rêve est en train de devenir réalité. L'Etat ne se contente plus aujourd'hui de limiter la liberté d'aller et venir: il la supprime purement et simplement. Ce n'est que provisoire, dit-il. Sauf qu'il n'y a que le provisoire qui dure. L'Administrateur direct abat ses cartes. Parler de coup d'Etat serait excessif.

(1) L'Insécurité du territoire, Galilée, 1993, p. 81.



3/13/2020

Trump

Regarde, dit le Nourrisson: Trump claque la porte aux Européens, et cela sans même les prévenir. C'est quoi ces méthodes? C'est un acte de guerre, dit l'Ecolière. Le dernier en date d'une très longue série, en fait. On espère, sans trop y croire, que les Européens finiront par comprendre. Elargissons maintenant la perspective. A l'Ouest, Trump, à l'Est, Erdogan, voilà où l'on en est aujourd'hui: les deux branches de la tenaille. Au Sud, je n'insiste pas. A la frontière gréco-turque, des candidats à l'... ont jeté des pierres contre les policiers grecs aux cris de Allah Akbar. Ce qui n'empêche pas les médias officiels de continuer à disserter sur l'Autre qui ne nous voudrait que du bien. La guerre c'est la paix, l'ennemi l'ami, etc. L'Europe a bien quand même encore quelques amis, dit le Nourrisson. Oui, mais les quelques amis qui lui restent, elle les traite en ennemis, dit l'Ecolière. Et donc, dit le Nourrisson? Une fois de plus, il faut en revenir à Polanski, dit l'Ecolière: à Polanski et à son film, The Ghostwriter. Dans ce film, Polanski explique qui sont les dirigeants européens: comment ils ont été sélectionnés, pour qui ils travaillent, etc. On peut évidemment compter sur eux pour désigner l'ennemi. Qu'attendons-nous donc pour aller les chercher dans leurs bunkers, dit le Nourrisson: eux-mêmes et leurs Ghostwriters? Essaye un peu, dit l'Ecolière. Bref, la situation semble assez désespérée, dit le Nourrisson. Il ne faut désespérer de rien, dit l'Ecolière.

3/09/2020

Effondrement

Cette pandémie est-elle autre chose qu'une simple grippe, dit le Nourrisson? Il faut poser le problème autrement, dit l'Ecolière. Le réchauffement climatique existe-t-il ou non? Oui, bien sûr, il existe. Mais il y a aussi autre chose: l'utilisation qui en est faite. C'est presque plus important encore. Il en va de cette pandémie comme du reste: terrorisme, réchauffement climatique, catastrophes en tout genre, moyen ou grand remplacement, etc. Elle permet aux dirigeants de verrouiller un peu plus encore le système, en même temps que de tester leur aptitude à l'exercice du pouvoir total. De nouvelles lois sont votées, on interdit aux gens de sortir de chez eux, etc. (1) Ce sont des tests grandeur nature. On va chaque fois un peu plus loin. Les gens obéissent, d'une certaine manière ils n'ont pas le choix. Si je disais que les dirigeants s'en plaignent, personne ne me croirait. On a de bonnes raisons par ailleurs de penser que ce premier épisode en prépare (et en cache) un autre, d'une bien plus grande ampleur encore. On pense ici à la monnaie, aux banques, etc. L'effondrement qui vient se laisse-t-il ainsi instrumenter, dit le Nourrisson? La preuve, dit l'Ecolière. Cela étant, tu connais l'histoire de l'apprenti-sorcier. Je dirais donc: jusqu'à un certain point. C'est compliqué la vie. Bref, ils jouent avec le feu, dit le Nourrisson. Qui ne risque rien n'a rien, dit l'Ecolière. Leur but est assez clair, c'est 1984 en plus radical encore. L'effondrement qui vient (en fait, il est là) est un bon accélérateur. Il permet de brûler quelques étapes. Mais il peut aussi te revenir en pleine figure. C'est quitte ou double.

(1) Voir "Juste un peu" (1) et (2), 6 et 7 février 2018, et "Basique", 7 novembre 2013.



3/07/2020

Dans son propre monde

Tu te souviens de ce retraité qui avait réussi à survivre dix jours durant dans la nature, avec à ses trousses un millier de perdreaux armés jusqu'aux dents, qui le recherchaient pour "opposition aux actes de l'autorité", dit l'Ecolière (1) ? Entre-temps, il a passé plusieurs années en prison. Il aurait dû être libéré ces jours-ci, sauf que l'Etat de droit en a décidé autrement. S'appuyant sur de nouvelles lois récemment votées, les juges ont transformé sa première peine de prison en internement à vie, car ils le considèrent comme dérangé psychiquement. N'a-t-il pas en effet dit que la ... était un Etat policier? Il faut être gravement atteint pour dire des choses pareilles. La ..., un Etat policier? Allons donc, vous rêvez. Vous êtes hors-réalité. Le type aggrave encore son cas en refusant de reconnaître qu'il est malade. Il envoie en effet promener les psychiatres qui voudraient s'occuper de lui, autrement dit, on peut le penser, lui faire ingurgiter des neuroleptiques à hautes doses, afin de le transformer en légume. Là, très clairement, on a affaire à un déséquilibré. Comme le disent les juges dans leurs attendus, "il vit dans son propre monde". Le mieux, dès lors, qu'on puisse faire est de le mettre à l'isolement. Car il y a un risque de prolifération virale. Il ne faut pas qu'un tel individu puisse contaminer les gens autour de lui.

(1) Voir "Sui juris", 14 septembre 2010.