7/24/2018

Risque zéro

Comme quoi, quand on en recrute un, pour cette fonction-là en particulier, on a intérêt à ne pas se tromper, dit l'Etudiante. Car si l'on se trompe, c'est beaucoup d'argent dépensé pour rien. Cela passe par des stages, des séminaires, des entretiens en tête à tête, bref, tout un cursus, comme ils disent. Ils le mettent aussi sous observation. A chaque étape, un bilan d'évaluation. Ils font très attention à tout. Cela étant, le risque zéro n'existe pas. C'est ce qu'ils doivent aujourd'hui se dire, les pauvres. Hybris, un mot grec. On peut le traduire par démesure, perte du sens des réalités, mépris des personnes, etc. A l'évidence, dans le cas qui nous occupe, ils ont sous-estimé le risque. Ils vont très certainement, ces prochains mois, être amenés à revoir leur programme d'études, peut-être même le bouleverser de fond en comble. Sauf que l'hybris n'est pas extérieure au travail pour lequel il a été recruté, dit le Visiteur. C'est ce que vous semblez oublier, chère .... Elle lui est consubstantielle. On ne peut pas leur reprocher d'avoir mal évalué les risques liés à l'hybris, puisque, justement, pour mener à bien le travail en question, pas n'importe lequel, comme vous savez, ils avaient besoin de quelqu'un ayant ce profil-là. Ils l'ont aussi choisi pour ça. Pas seulement pour ça, mais aussi pour ça. C'est pour eux une qualité, non un défaut. Ce qui vient de se passer était donc inévitable. L'hybris forme un tout, elle ne se laisse pas découper en lamelles.

7/16/2018

Dissentiment

Et vous remarquerez que personne n'exprime le moindre dissentiment, dit l'Avocate. On ne se le permettrait pas. Panem et circenses. Sauf qu'il y a de moins en moins de pain aujourd'hui. Avec de tels jeux, il est vrai, on peut s'en passer. Plus ou moins. Combien d'argent injecté là-dedans, on ne le saura sans doute jamais: des milliards peut-être. Alors même que l'Etat fait eau de toute part: hôpitaux, prisons, enseignement supérieur, patrimoine, lignes de trains secondaires, etc. Et ces allers-retours en jet de l'administrateur direct*. Là aussi on devrait publier les montants. Sans même parler de l'empreinte carbone. On pense au phénomène Me Too, il y a quelques mois. C'est la même chose, en fait. Le même délire. La même hystérie. On crée un nuage psychique, et hop, ça démarre. Tout est disproportionné. Et à l'Elysée, la garde républicaine qui rend les honneurs. Là, carrément, ça tourne au grotesque. On pense à Caligula et à son cheval Incitatus. A lui aussi on rendait les honneurs.

*Voir "En marche (2)", 4 mai 2017.




7/13/2018

Les taux

Je ne fais que dire la réalité, dit le Géologue. Interrogez mes collègues : tous vous diront la même chose. On travaille avec ce qu'on nous donne. Or ce qu'on nous donne est très insuffisant. Impossible donc de satisfaire aux exigences du cahier des charges. L'Etat le sait, mais fait comme s'il ne le savait pas. Voyez cette voie: c'est deux cents trains au quotidien. Un jour ou l'autre il y aura un accident. L'Etat se veut économe de l'argent des contribuables, dit la Poire. C'est tout à son honneur. En anglais on dit: New Public Management. Je trouve cela très bien. L'Etat est un acteur économique comme les autres. Il lui faut donc réduire les coûts. Je comprends bien que l'Etat veuille faire des économies, dit le Géologue. Mais il y a les conséquences. Qu'il assume, en ce cas, aussi les conséquences. Les morts, il les fait passer par profits et pertes. On ne peut pas. Ce que l'Etat achète, il doit le payer au juste prix. Soit, dit le Visiteur. Mais ce n'est pas l'Etat qui décide. Ce sont les banques. L'Etat, aujourd'hui, appartient aux banques. Et donc ce sont les banques qui décident. Et si l'Etat n'obéissait pas aux banques, dit l'Ecolière? Je dis ça comme ça. S'il disait aux banques d'aller se faire voir? Les taux, alors, montent très vite, dit le Visiteur.