1/28/2018

L'autel (2)

Tu viens de parler de l'union du trône et de l'autel, dit l'Ecolière. En fait, c'est ce que représente la photo: l'union du trône et de l'autel. On appelle ça, je crois, un déplacement métaphorique. Est-ce que je me trompe? Lequel des deux est le trône, dit le Collégien? Et lequel l'autel? Il n'y a qu'à leur demander, dit l'Ecolière. Bon, si l'on parlait d'autre chose, dit l'Avocate. Ces gens ne sont pas si intéressants. Une métaphore, pardonne-moi, c'est toujours intéressant, dit l'Ecolière. Tu as raison, dit l'Avocate. En voici donc une autre: "Laisse les morts enterrer leurs morts"*.

* Luc, 9, 60.

1/27/2018

L'autel (1)

Regarde, dit le Collégien: c'est vraiment la fin*. De quoi parles-tu, dit l'Avocate? Ah, c'est cette photo?** C'est elle qui te choque? Qu'a-t-elle, en vérité, de si choquant? Ils ont pris pour sujet les LGBT, après tout c'est leur droit. Ils avaient besoin d'une photo, la voilà. Cela ne se fait plus depuis longtemps de publier de textes sans photo. Bon, c'est vrai, les gens tout nus ne sont jamais très beaux à voir. On les préfère, en règle générale, un peu habillés: juste un peu. Je te le concède. Même quand ils couchent ensemble. Surtout, en fait. En plus, l'illustration s'intitule "Crucifixion": on ne voit pas trop bien le rapport. Mais laisse. Si ça les amuse... C'est aussi une manière pour eux de se valoriser aux yeux des dirigeants, de leur dire: voyez, on est de votre bord (le bon), vous pouvez compter sur nous. On ne va quand même pas leur en faire grief. Il y a dix-sept siècles qu'ils fonctionnent ainsi, ce n'est pas aujourd'hui qu'ils vont changer. Autrefois on disait: l'union du trône et de l'autel. Ils perpétuent la tradition. Eadem sed aliter. Tu comprends un peu, je crois, le latin. Par ailleurs, tu l'auras remarqué, ils oeuvrent pour le bien commun. L'un des deux androïdes de sexe masculin représentés sur la photo est ..., l'autre ... Le premier, un anneau à l'oreille, enlace dans ses bras le second. Tu vois le message. C'est quand même un journal d'église, dit le Collégien. Le christianisme affirme la liberté de l'homme face à ses pulsions. Il défend l'abstinence, l'ascétisme***, etc. Que vont dire les fidèles? Rien, dit l'Avocate. Il n'y a plus de fidèles.

* Voir "C'est pas son truc", 7 novembre 2016.
** Réformés (Lausanne), février 2018, p. 10.
*** Emmanuel Todd, Où en sommes-nous? Une esquisse de l'histoire humaine, Seuil, 2017, p. 129.

1/23/2018

50/50

Vous connaissez le mot de Nietzsche, dit l'Avocate. "Que l'homme ait crainte de la femme lorsqu'elle hait: car l'homme n'est, au fond de son âme, que méchant: mais la femme est, au fond de la sienne, mauvaise" (1). Et les violences faites aux femmes, dit la Poire? Vous oubliez les violences faites aux femmes. Ce matin même, à la radio, ils ont dit que les deux tiers des violences au sein du couple étaient imputables à l'homme (2). Elargissons un peu la question, dit l'Avocate. Il est aujourd'hui acquis que beaucoup de femmes se disant victimes de viol ne disent pas la vérité. Aux Etats-Unis leur proportion serait de 40-45 % (3). Je ne veux pas dire par là que toutes les femmes se disant victimes de violences au sein du couple inventent ce qu'elles racontent. Toutes, non. Mais si l'on raisonne par analogie, 40-45 % me semble un chiffre plausible. Ce chiffre en recoupe un autre, dit l'Etudiante: celui des fausses allégations de pédophilie lancées par des enfants, à l'instigation de leur mère, contre le père au moment du divorce. L'American Psychological Association les évalue à 50 %, "certains disent 75%" (4). Cela se passe aux Etats-Unis, mais il n'y a pas de raison de penser que les gens mentent moins en Europe qu'aux Etats-Unis. Et donc, dit la Poire? Ce chiffre de deux tiers que vous citez est surévalué, dit l'Avocate. Le chiffre réel doit tourner autour de 50/50. C'est conforme à l'observation empirique, à ce qu'on sait par ailleurs de la nature humaine.

(1) Ainsi parlait Zarathoustra, I, "De petites jeunes et de petites vieilles" (trad. Maurice de Gandillac).
(2) RTS, vers 8 h.
(3) Alain de Benoist, Les Démons du bien, Pierre-Guillaume de Roux, 2013, p. 212.
(4) Marcela Iacub et Patrice Maniglier, Antimanuel d'éducation sexuelle, Editions Bréal, 2005, p. 137.


1/09/2018

Dans le temps

En Europe, on est content de le constater, les libertés personnelles se portent plutôt bien, dit l'Avocate. Voyez les nouvelles lois allemandes sur les fake news, lois entrées en vigueur le 1er janvier. Les contrevenants s'exposent à des amendes pouvant atteindre plusieurs millions, voire dizaines de millions d'euros. L'arme absolue, quoi. Un certain nombre de sites ou pages d'Internet ont d'ores et déjà été fermés. D'aucuns évoquent la Stasi, l'ancienne police politique communiste en Allemagne de l'Est. Pourquoi, pendant qu'on y est, ne pas remonter un peu plus haut encore dans le temps? Pas trop haut non plus, quand même: juste un peu? On pourrait. On parle ici de l'Allemagne, mais la France n'est pas en reste. Là aussi, l'étau se resserre. Lors de ses récents voeux à la presse, le président a annoncé le prochain dépôt d'un projet de loi dans ce domaine. Après avoir supprimé l'Etat de droit en transférant l'ancien état d'urgence dans le droit ordinaire (c'est quand même plus confortable), le voilà donc qui enterre les derniers restes, en France, du droit à la liberté d'expression. On avait dit au printemps dernier* que la France était passée du régime du "prince-esclave" (d'une expression forgée, en 1941, par le P. Gaston Fessard à propos du régime de Vichy) à celui de l'administration directe (Direct Rule). Tout se déroule comme prévu.

* Voir "En marche (2)", 4 mai 2017.