2/23/2020

Bonnes manières

Ce n'est pas la première fois que l'on dénonce l'hypocrisie des Grands, dit l'Ethnologue. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Sauf que les Grands se dénoncent ici eux-mêmes. Eux-mêmes donnent à voir ce qu'ils font au quotidien, mais le plus souvent en cachette, en s'abritant derrière de pieux mensonges. Ils continuent, certes, à mentir, mais à côté de ça, par simple balourdise, font apparaître l'exacte vérité. Le régime accuse le coup. La police secrète d'Etat s'est saisie de l'affaire. On dira que ces contradictions ne nous regardent en rien. Je suis d'un autre avis. Il faut toujours en revenir à Machiavel: "Il m'a semblé plus convenable de suivre la réalité de la chose que son imagination". S'il ne s'agissait que d'un cas individuel on pourrait discuter. Or cette hypocrisie est très partagée.  Elle caractérise une certaine strate socio-économique, l'actuelle Nouvelle Classe aujourd'hui au pouvoir. On est en présence d'un marqueur identitaire. Cette vidéo nous éclaire donc sur le fonctionnement d'ensemble du système: en soi chose utile. On pourrait le résumer en disant qu'il n'y a plus ici de surmoi (sauf pour la galerie, et encore: pour autant, comme on le voit, que les intéressés ne commettent pas trop de bêtises). On observera par ailleurs que les bonnes manières forment un tout. Est-ce entièrement un hasard si les mêmes qui se mettent aujourd'hui en scène sur un portable ne trouvent rien à redire au fait que l'Administrateur direct ait recours aux LBD pour écraser toute espèce de contestation dans la rue?





2/19/2020

Austérité

Le plus impressionnant encore, c'est le silence des médias, dit le Cuisinier: rien, pas le moindre écho dans la presse ni à la radio, black out total. Ou alors ils retournent la réalité. Ainsi ce soir, à la radio, évidemment sans penser à mal, ils ont dit que la victime avait eu des "ennuis avec la justice" (1). Mentir est tout un art. Pour apprendre ce qui s'est passé, on en est dès lors réduit, comme le plus souvent aujourd'hui, à aller sur Internet. Ce qui en dit long sur l'état actuel de la liberté de la presse en ... On pourrait ajouter qu'aucune sanction non plus n'a été prise à l'encontre de ces perdreaux otanisés, de vrais tchékistes en fait. Ils ont très vite retrouvé le chemin de leur bureau, repris, comme si de rien n'était, leurs occupations antérieures, etc. On s'étonnerait presque, au point où l'on en est, que leur hiérarchie ne leur ait pas adressé ses félicitations. Elle l'a peut-être fait, d'ailleurs. Quant aux grapignans, ils continuent à plastronner, à donner des ordres, etc. Au passage, on rappellera que ce sont les mêmes, à ce qui se dit au moins, qui, en violation du ..., n'ont pas hésité à ..., etc. La loi, je m'assois dessus. Remarquez, c'est ce que, moi aussi, je fais de plus en plus. Qu'est-ce que la loi aujourd'hui. Mais je ne suis pas grapignan. Bref, qu'on s'émerveille ensuite du niveau jusqu'ici jamais atteint de corruption dans cet ex-haut-lieu de l'austérité républicaine.

(1) 19 février.

2/09/2020

Procédures

C'est vrai qu'on assiste aujourd'hui à des choses qu'on aurait eu peine, il y a quelques années encore, à seulement imaginer, dit l'Avocate (1). Exemple, cette arrestation. En même temps, elles ne viennent pas de rien. Il faut savoir que les procédures en matière de gestion des crises et de maintien de l'ordre sont aujourd'hui pensées et planifiées à l'échelle de l'OTAN. On ne va pas ici s'étendre sur la criminalité policière, c'est un chapitre en soi, mais on insistera en revanche sur le fait qu'elle n'épargne aujourd'hui aucun pays. L'Ecolière fait allusion aux portes que l'on fracture au moment des arrestations. Le concept en remonte à l'époque de la dictature de Pinochet, dans les années 70 du siècle dernier. Il a ensuite été théorisé par les Américains, à l'occasion de la guerre en Irak. Ce sont des techniques d'intimidation, toutes les polices occidentales y ont aujourd'hui recours. La peur c'est le pouvoir. Il en va de même des actes de maltraitance que rapporte l'Ecolière. Il ne faut pas dire que les responsables de tels actes (le procureur et ses sbires) ignorent ce qu'ils font: ils le savent au contraire très bien. Ils ont même suivi des séminaires à ce sujet. D'une manière générale, chacun voit bien à quoi, aujourd'hui, sert la police, quelle est sa raison d'être. Elle ne sert pas à combattre les délinquants, mais bien les non-délinquants. C'est à cela même qu'elle est aujourd'hui dressée, j'allais dire instruite. C'est un instrument de pouvoir, rien d'autre.

(1) Réédition modifiée d'un texte en date du 17 décembre 2019.




Message

Tiens regarde, dit l'Ecolière, ça se passe juste à côté (1). Ils viennent d'arrêter un député. Avec, comme il se doit, perquisition du domicile. On ne dit pas s'ils ont cassé ou non la porte. Mais ils ont saisi son ordinateur. Et comme il a la simplicité d'avoir un portable, également son portable. Il y a également eu une fouille à nu (2). Ce sont les procédures actuelles, celles initialement expérimentées en Irak par les Américains, avant d'être formalisées dans le cadre de l'OTAN. Elles sont aujourd'hui la norme dans toutes les polices européennes. Qu'avait-il fait de mal, dit le Nourrisson? Il s'intéressait de trop près à des notes de frais, dit l'Ecolière: irrégulièrement gonflées, si l'on en croit la rumeur. Mais évidemment ce n'est qu'une rumeur. A plus forte raison encore quand on la commente en disant que la corruption, à ..., serait devenue systémique. Systémique, c'est très exagéré. Il serait tout à fait faux de qualifier le ... de ... de république bananière. Pour le reste, on est en pays de connaissance. Ce ne sont pas les délinquants qui vont aujourd'hui en prison, mais bien ceux qui dénoncent leurs agissements. Au fond, quel est le message, dit le Nourrisson? Car, bien sûr, il y a un message. Ils ne font pas ça pour rien. Le message est le suivant, dit l'Ecolière. Le vrai pouvoir, c'est nous. Mettez-vous bien ça dans la tête. Et donc nous faisons ce que nous voulons: juste ce que nous voulons. En latin, si vous savez le latin: fiat pro ratione voluntas. Après, on vous ... Le Parlement, en particulier, on n'en a rien à faire. Quant à ces notes de frais, truquées ou non, elles ne vous regarde en rien. C'est secret-défense. Bon, dit le Nourrisson, en soi ce n'est pas nouveau. A quoi servent nos impôts, tout le monde le sait (et depuis longtemps). Accessoirement aussi, que la démocratie n'est qu'un décor en carton-pâte. Sauf qu'ils jouent désormais franc-jeu, dit l'Ecolière. C'est une nouvelle étape. Il n'y a plus de décor, même en carton-pâte.

(1) Réédition augmentée d'un texte en date du 15 décembre 2019.
(2) Cf. Slobodan Despot, "L'affaire Simon Brandt, un 'signal faible' - et assourdissant", Antipresse, No 219, 9 février 2020.