12/30/2019

Année écoulée

L'année écoulée, effectivement, a été riche en enseignements, dit le Visiteur. Tout ce qu'on a appris, il est vrai, on le savait déjà. Mais plus ou moins seulement. Cela se noyait dans une sorte de brume: "démocratie", "Etat de droit", "laissons la justice faire son travail", etc. C'est ce brouillard même, entre-temps, qui s'est dissipé. Personne, désormais, ne discute plus certaines évidences: en particulier que la principale menace à laquelle nous sommes aujourd'hui confrontés, c'est la police. Juste après viennent les petits chéris. Mais d'abord la police. Les deux, au demeurant, comme on le sait, police et petits chéris, travaillent la main dans la main. C'est le premier enseignement. Le second est que cela ne sert à rien de vouloir lui tenir tête (même et y compris, j'allais dire surtout, pour défendre ses droits constitutionnels): le rapport de force est trop inégal. On peut le vouloir, c'est tout à fait possible: mais on le paye alors au prix fort. En ce sens, le conseil d'Ernst Jünger remontant aux années 30 et 40 du siècle dernier (tenez-vous à l'écart, laissez les choses se faire puisque de toute manière vous ne pouvez pas les empêcher, pensez à votre santé), conserve sa pertinence. Cela vaut mieux que de se retrouver éborgné, défiguré, estropié, passé à tabac, handicapé à vie, amputé d'un membre, parfois même tué. Le terrorisme d'Etat n'est pas, en l'espèce, une vaine expression. On en arrive ainsi au troisième enseignement: ce régime a encore de beaux jours devant lui. Seul un concours tout à fait extraordinaire de circonstances pourrait éventuellement le faire vaciller: guerre, crise économique, catastrophe climatique, pandémie, etc. Ce n'est pas inenvisageable, remarquez. Mais, à court terme au moins, relativement improbable. Il faut bien sûr s'y préparer. Mais sans plus. Voilà ce que nous avons appris.




12/24/2019

Enseignements

La Révolution française est pleine d'enseignements, dit l'Ecolière. Sais-tu ce qui est arrivé au gouverneur de la Bastille, de Launay, après que la foule se soit emparée de l'édifice? Pas vraiment, dit l'Avocate. Mais je peux l'imaginer. Pourquoi? Il y a quelques années, le député Jean Lassalle s'était promené à travers la France, dit l'Ecolière. Une chose, en particulier, l'avait frappé: la haine des gens à l'endroit des politiques (hormis les élus locaux). On leur reprochait, entre autres, leurs mensonges: car ils mentent délibérément (1). Ils font bien d'autres choses encore, mais surtout ils mentent (et en permanence). Ce sont de ... menteurs. Ce sentiment de haine est aujourd'hui très partagé. En Suisse, par exemple, il est question de créer un service spécialement chargé d'identifier les auteurs d'injures et de menaces à l'endroit des politiciens et politiciennes (en particulier sur Internet). 60 % de ces personnels se sentent aujourd'hui menacés (2). L'histoire ne se répète jamais, dit l'Avocate. Tu parles de la Bastille. Je vois mal, aujourd'hui, qui pourrait s'emparer de la Bastille, et surtout comment. Elle est bien défendue. Ne dit-on pas que les mêmes causes, en principe, produisent les mêmes effets, dit l'Ecolière? Je ne conteste pas ce que tu dis, dit l'Avocate. Cette haine existe, elle n'est en soi pas niable. On ne peut plus les voir. Mais, pour l'instant au moins, c'est une haine impuissante (même si, d'année en année, c'est vrai, elle ne cesse de gagner en ampleur: c'est une marée montante). C'est ce que je veux dire.

(1) L'Express, 21 juin 2013.
(2) RTS, 24 décembre 2019, vers 8 heures.

12/23/2019

Noël

En cette veille de Noël, comment ne pas penser à cet homme en train de mourir en prison, dit l'Ecolière: en fait, qu'on est en train d'assassiner. Car c'est ça, aujourd'hui, la réalité. Et personne n'en parle. Ce silence est assourdissant. Tu sais à quoi ressemblent les médias, dit l'Avocate. Et surtout de qui ils dépendent. Comment également ne pas faire la comparaison avec l'affaire Litvinenko, dit l'Ecolière. Ou encore Skipal. Sauf que lui n'est ni un espion, ni un contre-espion. Il n'a pas non plus fait défection. Voilà comment ils traitent leurs opposants. Assange n'est pas un simple opposant, dit l'Avocate. Il a dénoncé, preuves à l'appui, les crimes en grand nombre de la police secrète d'Etat américaine. Il a également décrit la corruption institutionnelle en Europe et aux Etats-Unis. Tout le monde sait désormais comment fonctionne ce régime, quel en est le principe (au sens de Montesquieu). Ils le considèrent donc comme un traître. En plus, il s'est soustrait plusieurs années durant à la justice ordinaire. C'est presque plus grave encore. Ils tiennent beaucoup à ce qu'on croie à l'indépendance de la justice. Elle doit rester au-dessus de tout soupçon. Si tu te soustrais à leur prétendue justice, cela signifie que tu n'as pas confiance en elle, qu'elle n'est pas réellement pour toi la justice. Il est criminel de seulement le penser. Cela étant, tu as complètement raison. Le polonium est ici remplacé par les psychotropes, la privation de sommeil, probablement aussi les techniques d'interrogatoire renforcé. C'est un avertissement à toutes les personnes qui seraient tentées de suivre son exemple.










12/01/2019

Espaces spéciaux

Qu'on soit en régime gynécocratique sévère n'empêche pas les néoféministes estampillées de geindre en permanence sur le triste sort des femmes dans nos sociétés hyper-machistes, dit l'Etudiante (1). L'autre jour, à l'Emission, elles en ont remis encore une couche. Une tchékiste à voix métallique a réclamé la création d'"espaces spéciaux" réservés aux femmes. Celles-ci se verraient ainsi protégées contre la "violence masculine". Le lendemain même, dans le Gratuit, on racontait l'histoire d'un homme accusé à tort de viol: à tort, mais on ne s'en était pas rendu compte tout de suite. Le type a fait une dépression et plusieurs tentatives de suicide. Il a naturellement perdu son emploi. Quel rapport, dit la Poire?

(1) Publié une première fois le 28 avril 2016.