5/29/2015

Faisant défaut

Pour certains, nous allons vers la guerre civile, dit l'Ethnologue. Nous y allons, donc ne sommes pas encore arrivés. Il nous reste une certaine distance encore à parcourir. Petite, mais réelle. C'est l'avant-guerre civile. J'ai un point de vue différent. Ce que nous vivons aujourd'hui, ce n'est pas l'avant-guerre civile, c'est déjà, en fait, la guerre civile. Vous pensez au terrorisme, dit la Poire? Non, pas du tout, dit l'Ethnologue. Le terrorisme, c'est autre chose encore. On peut d'ailleurs en parler si vous voulez*. A quoi donc alors, dit la Poire? Voyez les statistiques, dit l'Ethnologue: on compte en moyenne aujourd'hui, en France, 2'200 agressions physiques par jour**. Et aussi 200 (deux cents) viols**, 8 séquestrations***, 3 ou 4 meurtres****, etc. Voilà ce que j'ai en tête. Non pas donc les bombes des terroristes (qui se rapportent à un autre contexte), mais la violence au quotidien: violence trouvant son illustration dans les chiffres que je viens de citer. Soit, dit le Visiteur. Mais tous ne font pas la guerre. Seuls, comme vous le savez, certains la font (très motivés, il est vrai). Les autres, ceux d'en face, se contentent de la subir. Ils encaissent les coups, la plupart du temps sans broncher. Disons donc une demi-guerre, dit l'Ethnologue (l'autre moitié, encore, faisant défaut). Une guerre à sens unique. "L'autre moitié, encore, faisant défaut", dit le Dégéèciste. Que veut-il dire au juste par là? Je note tout cela.

* Voir "Pendant qu'on y est", 22 mars 2015.
** Laurent Obertone, La France Orange mécanique, Ring, 2013, p. 29.
*** "Huit séquestrations par jour en France", Le Figaro, 29 décembre 2014, p. 6.
**** Laurent Obertone, op. cit., p. 44.





5/26/2015

Cela prouve bien

Vous dites que les dirigeants ont décidé de tuer toute forme de culture, parce qu'elle ferait obstacle à la domination totale, dit la Poire. Je ne sais vraiment pas sur quoi vous vous fondez dire ces choses. Moi, par exemple, qui aime la culture, je ne me plains pas. Je n'ai qu'à pousser le bouton de ma radio, je tombe sur radio ... qui diffuse de la musique classique 24 heures sur 24. Il y a vingt ans, cela n'existait pas. Oui, dit le Cuisinier. Mais pour une chaîne comme celle-là, vous en avez cent autres qui diffusent de la …, également 24 heures sur 24. Et quand je dis une sur cent, je suis généreux. Votre chaîne est une chaîne alibi. C'est comme quand, exceptionnellement (disons une fois l'an), ils invitent un opposant sur une de leurs radios. Ils peuvent toujours dire après cela qu'ils sont neutres, objectifs, etc. Ils prennent même leur invité à témoin: voyez, on vous invite: n'est-ce pas bien la preuve que nous sommes en démocratie? Quand on leur reproche le rôle actif qu'ils jouent dans l'abrutissement voulu et programmé des populations, leur fossilisation accélérée, ils disent de même: nous avons radio … Cela leur laisse ensuite les mains libres pour subventionner à fonds perdus la … que je dis. Car de la … c'en est vraiment. Qui dit mieux. Ou encore pour supprimer le latin et le grec dans les écoles (en attendant de les interdire purement et simplement, comme contraires aux Valeurs de la République: ce qu'effectivement ils sont).

5/14/2015

Perplexe

C'était l'autre jour sur France Culture*, dit le Collégien: ils parlaient de ... C'est quand même bizarre, disait une habituée. Souvenez-vous des boat people, il y a une quarantaine d'années. En France, on en a accueilli près de 200'000: 200'000! Tout le monde, à l'époque, était pour, c'était même l'union sacrée. On était très content d'agir ainsi. Par la suite, d'ailleurs, on ne s'en est jamais repenti.  Comparez avec aujourd'hui. A votre avis, pourquoi un tel changement d'attitude? Un tel retournement? Comment l'expliquer ? Vous avez une idée ? Moi, honnêtement, non. J'ai beau chercher, je ne vois pas. C'est ce qu'on appelle une question rhétorique, dit l'Avocate. Cette personne connaît naturellement la réponse, mais fait semblant de ne pas la connaître. Elle pense, à juste titre d'ailleurs, que c'est mieux ainsi pour elle. Mais elle pose une question. La réponse est dans la question. Continuons, dit l'Ethnologue. On entend souvent dire: comment endiguer ce flot? Par quels moyens? S'il vous plaît, éclairez un peu ma lanterne, etc. Voilà ce qu'ils disent tous, voilà ce qu'on entend. Tout le monde, en réalité, sait  très bien ce qu'il faudrait faire, ce n'est pas en soi un problème. Mais si quelqu'un développait un peu ce point, il signerait son propre arrêt de mort: civile, financière, sociale, etc. Les gens s'interrogent donc: comment faire? Vous avez une solution? Toujours l'air perplexe, en regardant l'interlocuteur bien en face.

* 26 avril 2015, 11-12 h.


5/06/2015

Et les mêmes

Le maire de Béziers vient de sortir des statistiques sur le nombre d'élèves … dans les écoles de la ville, dit le Cuisinier. Sans surprise, on a appris qu'ils sont maintenant majoritaires (et même de beaucoup). Vous avez vu les réactions. Ce qu'a fait le maire de Béziers est indigne de sa fonction, a dit l'Invité*. Et un autre: il a dépassé toutes les bornes. Qu'est-ce qu'il a fait, le maire de Béziers? Simplement, dit la réalité. Rien d'autre. Vous ne pouvez plus aujourd'hui, en France du moins, dire la réalité. C'est tout de suite des cris, des menaces. Et les mêmes, aujourd'hui, qui s'indignent de ce que le maire de Béziers ait dit la réalité viennent de promulguer une loi les autorisant, eux, ces soi-disants ennemis de toute statistique, à ficher l'ensemble de la population française sans demander l'avis de personne (hormis le leur propre: c'est écrit en toutes lettres): ça oui, ils ont le droit de le faire. Le maire de Béziers n'a pas le droit de révéler le nombre d'élèves … dans les écoles de sa ville, mais lui, l'Invité, a le droit d'entrer dans les ordinateurs privés de qui bon lui semble, en même temps que de "tracer" les gens grâce aux gadgets qu'il met obligeamment à leur disposition. Vous connaissez la parabole de la paille et de la poutre? Attention, dit le Dégéèciste. Vous citez l'Evangile. C'est contraire aux Valeurs de la République.

* Voir "Ah bon?", 4 novembre 2012.