6/14/2020

Du temps passé

Tiens, encore une rue qu'ils viennent de débaptiser, dit l'Ecolière. L'histoire n'est qu'un perpétuel recommencement. On pense aux autodafés du temps passé. Pas si passé que ça, d'ailleurs. Quel rapport, dit la Poire? "Contre qui résiste à la très grande évidence, il n'est pas facile de trouver une raison qui le persuadera", dit l'Ecolière. Je cite Epictète (1). En plus, on ne peut pas dire que l'histoire n'est qu'un perpétuel recommencement dit la Poire. L'homme est par exemple beaucoup plus moral aujourd'hui qu'il ne l'était autrefois. La preuve. C'est la même immoralité, mais à l'envers, dit l'Ecolière. Nous sommes aussi devenus beaucoup plus objectifs, dit la Poire. Nous ne nous laissons plus, comme autrefois, guider par les préjugés, l'émotion. Nous essayons d'être le plus en adéquation possible avec la réalité: que nous déconstruisons-reconstruisons, bien sûr: comment faire autrement. Mais c'est sans importance. Il ne nous est pas non plus possible de retenir tous les faits constatables: exactement tous, non. Dans leur immense sagesse, les autorités s'y opposent fermement. Tiens donc, dit l'Ecolière. Je vais être plus franche encore, dit la Poire. Je ne m'intéresse pas trop, personnellement, à ce qui est vrai ou faux. Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il sied ou non de dire. C'est déjà assez compliqué comme ça. Tout ce qu'il sied de dire est en même temps vrai, dit l'Ecolière. Et ce qu'il ne sied pas de dire faux. On règle ainsi tous les problèmes.

(1) Entretiens, I, 5.









6/08/2020

L'un dans l'autre

On dit volontiers que les extrêmes se touchent, dit l'Auditrice. C'est si vrai qu'ils en viennent, parfois, à passer l'un dans l'autre. On le voit par exemple à la radio d'Etat, quand des rédactrices en panne d'inspiration, ne sachant trop quoi dire pour meubler leur temps d'antenne, en remettent une couche avec le "mâle blanc" (1), qu'elles accusent de tous les maux de la terre. Ce qui ne les empêche d'ailleurs pas, elles-mêmes ou d'autres en duplicata (ça se duplique facilement), de stigmatiser les stéréotypes de genre, en même temps que les propos ...istes, ...istes, etc. Les femelles blanches, en leur genre, justement, c'est aussi pas mal. Ou encore, toujours sur le service public, cet autre parlant du "...isme quasi-génétique des Euro-américains" (2). Mais oui. On imagine ce qui se passerait si les gens d'en face, ces pestiférés, s'autorisaient de telles joliesses : eux, de toute façon, perdraient leur emploi, feraient l'objet d'un lynchage médiatique en règle (sur le service public), avant, au final, de recevoir une ordonnance de condamnation signée par un juge lui aussi, bien sûr, indépendant. On insistera par ailleurs sur le fait que son propre ...isme à lui, je parle de cet autre, n'est pas génétique, mais bel et bien acquis: son immense culture, entre autres, jointe à une petite, mais très petite, dose d'opportunisme. Peut-être aussi, dans son jeune âge, écoutait-il trop déjà la radio d'Etat.

(1) 5 juin.
(2) 6 juin.


6/04/2020

Pour deux raisons

Vous avez vu ces pogroms, dit l'Auditrice? Les médias officiels n'en soufflent naturellement mot. Il faut aller sur Internet pour voir les images. La question, évidemment, qui se pose est de savoir quand tout cela débarquera en Europe. Quand, je ne sais pas, dit le Visiteur. Pour autant, si cela se faisait, cela ne ressemblerait guère à ce qu'on voit là-bas. Ah bon, dit l'Auditrice? Pour au moins deux raisons, dit le Visiteur. Là-bas, les gens sont armés, alors qu'ici ils ne le sont pas. Le droit de porter des armes n'existe pour ainsi dire pas en Europe, ou il est très limité. Qui plus est, l'Etat ne reconnaît pas ou à peine le droit à la légitime défense. Il n'y a pas ici non plus, comme aux Etats-Unis, de véritable culture de l'autodéfense. C'est la première raison. La deuxième est le président Trump. Vous avez vu les positions qu'il adopte. Faut-il le relever, ce n'est même pas ici imaginable. Il a également fait arrêter les meneurs, ce qui témoigne d'un grand courage. Il n'y a personne aujourd'hui en Europe qui accepterait de jouer ce rôle. Ces deux raisons cumulées m'amènent à dire que l'enchaînement ici ne serait pas exactement le même. Je pense en particulier au nombre des victimes. Après, il est évidemment difficile de faire des prévisions. On peut présumer qu'au bout de quelques mois, plus vraisemblablement encore quelques années, certaines formes de résistance se mettront en place: en marge de l'Etat, sans doute aussi contre lui. C'est au moins une possibilité. Au-delà, je ne me prononcerais pas.