12/22/2010
Porosité
Ce sont donc des flics, dit l'Etudiante? Quelques-uns, dit l'Ethnologue. D'autres de simples auxiliaires. Tu as aussi beaucoup d'anciens flics. Certaines habitudes leur sont restées. Par exemple, dit l'Etudiante? Prenons l'ouvrage en question, dit l'Ethnologue: comme tu le vois, ce sont des nomenclatures, des listes de noms. C'est ce qu'on t'apprend à faire dans un commissariat. On est donc fondé à penser que leurs premières productions intellectuelles, je n'irais quand même pas jusqu'à dire scientifiques, ont probablement été des rapports de police. Ensuite ils se sont réorientés. Et donc, dit l'Etudiante? C'est cette porosité même des domaines entre la prétendue "recherche", telle qu'elle se pratique aujourd'hui à certains endroits, et les services de police qui interpelle, dit l'Ethnologue. On n'avait plus vu cela depuis l'époque ...
12/20/2010
Pour ce qu'ils sont
Regarde un peu cette bouillie, dit l'Etudiante. Un bon quart de leurs informations sont fausses, quant aux autres, celles qu'on pourrait éventuellement considérer comme vraies, elles proviennent de fichiers officiels. Normalement de telles informations sont confidentielles, seule la police y a accès. Ils ont donc bénéficié d'autorisations spéciales. En jargon spécialisé, cela porte un nom: la "tricoche". Comme tu le remarques, ce sont des écrits de commande, dit l'Ethnologue: tous les dix ou quinze ans, ils en sortent un de ce genre. Il faut les prendre pour ce qu'ils sont: une simple production du pouvoir. Autre chose encore, dit l'Etudiante. Ils égrènent un certain nombre de noms, des gens, bien souvent, qui ont écrit des textes (livres, articles, etc.). Or, jamais ils ne se réfèrent aux textes eux-mêmes. Leurs seules citations sont des citations de commentateurs. Ces derniers font souvent d'ailleurs de même: ils citent d'autres commentateurs. Lesquels, de leur côté, etc. Si on les paye, ce n'est évidemment pas pour qu'ils lisent les textes, dit l'Ethnologue, mais bien pour qu'ils ne les lisent pas.
12/03/2010
Quelqu'un
Il devrait lire L'insurrection qui vient, dit l'Avocate: "Voir la gueule de ceux qui sont quelqu'un dans cette société peut aider à comprendre la joie de n'y être personne". C'est page 103. Il n'a pas le temps de lire, dit l'Ethnologue. Colloques, audits, commissions, il ne touche plus terre. Effectivement c'est quelqu'un, dit l'Avocate. Mais il ne le sait pas, dit l'Ethnologue. Et la police, elle, le sait-elle, dit l'Etudiante? Oui bien sûr, dit l'Ethnologue. Eux ont le temps de lire. Mais ce qu'elle sait, elle ne le lui dit pas. Pourquoi donc, dit l'Etudiante? Le Politologue leur est trop utile, dit l'Ethnologue. Autant donc qu'il ne sache pas. Et l'insurrection, dit le Collégien: c'est pour quand?
12/02/2010
Tragique
Dites ce que vous voudrez, de toute façon cela n'a aucune importance, dit le Politologue: vos propos se perdent dans le vide, ils n'intéressent, en fait, personne. Les journalistes vous ignorent, votre nom même ne leur dit rien. Il est vrai que vous ne leur téléphonez jamais. La dernière fois qu'on vous a invité à l'Emission, c'était il y a trente ans. Vos ouvrages sont absents des rayons des librairies. On les trouve, il est vrai, dans les bibliothèques publiques, mais ils dorment dans la réserve. Vous pensez peut-être que vous êtes sur une liste noire? La vérité est plus triste encore: vous ne figurez sur aucune liste: ni noire, ni rose, ni rouge. Bref, vous n'êtes rien, personne ne sait seulement que vous existez. Si, peut-être, la police: elle, assurément, le sait. Et votre ex-employeur. C'est vrai, dit l'Ethnologue, ma situation est tragique. Il faut absolument que je me réforme.
11/23/2010
Contradictions
Au fait, que pensez-vous de l'Usurpateur, dit le Visiteur? Il est pris dans ses propres contradictions, dit l'Ethnologue. D'un côté il veut maintenir les frontières, de l'autre il est pour la liberté des marchés. C'est soit l'un, soit l'autre. Soit l'on croit au marché, soit au maintien des frontières. On ne peut pas vouloir les deux. L'Usurpateur est également très faible en matière sociale, écologique, etc. En fait c'est un néolibéral, mais un néolibéral incohérent. Il ne va pas pas jusqu'au bout de ses propres principes. Il critique certaines retombées de l'idéologie dérégulatrice, en aucune manière cette idéologie elle-même. Il n'est donc pas crédible.
11/18/2010
Initiales
Tiens, une lettre de dénonciation, dit l'Ethnologue. Au point de départ, il y a toujours une lettre de dénonciation. Au point de départ de quoi, dit le Visiteur? De tout, dit l'Ethnologue. Tout, ici, ou presque, commence par une lettre de dénonciation. Qui en est l'auteur, dit le Visiteur? Un certain Très-dans-la-ligne, dit l'Ethnologue. Mais il a pris un nom d'emprunt. De simples initiales, d'ailleurs. Par lâcheté, demanda le Visiteur? Non pas du tout, dit l'Ethnologue: simplement par modestie. Il fuit toute publicité. Et qui dénonce-t-il, dit le Visiteur? L'Editeur, dit l'Ethnologue. L'Editeur édite l'Auteur, ce que normalement il ne devrait pas faire. On le lui a souvent dit déjà, mais il le fait quand même. C'est très mal.
11/11/2010
A leur place
Je plaisante, naturellement, dit le Colonel. Il ne faut pas prendre ce que je dis trop au sérieux. Non bien sûr, dit l'Etudiante. Sauf que ce que je viens de dire, je ne suis pas le seul à le penser, dit le Colonel. C'est bien ce que je me disais, dit l'Etudiante. Les dirigeants m'ont même consulté à ce sujet, dit le Colonel. Et que leur as-tu dit, dit l'Etudiante ? Non, certes, qu'il fallait abolir l'armée, dit le Colonel. Je ne leur ai pas dit ça. Si j'étais à leur place, effectivement, c'est ce que je ferais: je l'abolirais. Mais justement je ne suis pas à leur place. Je ne le leur ai donc pas dit. Quoi donc alors, dit l'Etudiante? Qu'ils se faisaient du souci pour rien, dit le Colonel. Qu'ils se surestiment beaucoup eux-mêmes. Accessoirement aussi qu'ils surestiment beaucoup leurs concitoyens. Et ils t'ont cru, dit l'Etudiante? Personne ne me croit jamais, dit le Colonel.
11/03/2010
En profiter
Personnellement je ne vois pas pourquoi je serais contre, dit l'Etudiante: contre l'abolition de l'armée. Je suis au contraire tout à fait pour. Les antimilitaristes veulent l'abolir? Qu'ils l'abolissent. Le plus tôt sera le mieux. A quoi, en effet, sert-elle: à protéger les frontières? Il ne faut pas prendre les gens pour des idiots. On est à Dope-City: as-tu tellement l'impression que l'armée protège les frontières? Basta, ça suffit. Tu poses mal le problème, dit le Colonel. La question n'est pas de savoir si l'armée protège ou non les frontières: évidemment non, elle ne les protège pas. Pour autant je ne dirais pas qu'elle ait perdu toute utilité. Toute utilité, non. Elle en a au moins une: celle d'apprendre à un certain nombre de gens, hommes ou femmes, à se servir d'une arme. Elle leur offre cette possibilité-là, autant en profiter. Réfléchis-y. En plus, comme tu le sais, c'est gratuit.
11/01/2010
Tout ce qu'ils disent
Ils sont dans la dérision, dit la Poire. Tout ce qu'ils disent, il faut le prendre au second degré. Vous-même, peut-être, le prenez au second degré, dit le Cuisinier: mais eux, non. Quand, par exemple, ils parlent de sections d'assaut, dans leur imaginaire à eux, il s'agit de vraies sections d'assaut: avec de vrais couteaux, de vraies battes de baseball, de vraies kalachnikovs, etc. Ils ne se rendent pas compte, dit la Poire. Ils se rendent au contraire très bien compte, dit le Cuisinier. Et je vais même plus loin encore: ils trouvent tout cela très bien. Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls. Ils suscitent l'admiration de leur famille, des gens de leur quartier, etc.
10/20/2010
Et alors?
On ne peut quand même pas mettre tout dans le même sac, dit l'Activiste: ça, et encore ça, et ça, etc. Justement si, dit l'Avocate: on le peut très bien. Ce que je veux dire, dit l'Activiste, c'est qu'il y a le plus et le moins. Si vous le souhaitez, je vous sors quelques chiffres, dit l'Avocate. Leurs techniques ne sont pas exactement les mêmes, dit l'Activiste. Et alors, dit l'Avocate? Vous rendez-vous compte un peu, si l'on avait raisonné comme ça en ..., dit l'Activiste? Allons-y tout de suite, cela ne me pose aucun problème, dit l'Avocate. Et la démocratie, dit l'Activiste: que faites-vous de la démocratie? Je n'aime pas la morale à deux vitesses, dit l'Avocate.
10/19/2010
Sans bornes
Regarde, dit le Cuisinier: une lettre du Métaphysicien. C'est l'Autre Journal qui la publie. Le Métaphysicien s'en prend au Grand Ventilateur, lui reprochant d'avoir collaboré avec les pires régimes de la planète: une gauche, dit-il, qui a pratiqué des exterminations à grande échelle. Etc. Le Métaphysicien me fait bien rire, dit l'Avocate. Comme si le régime états-unien (auquel, nul ne l'ignore, il voue une détestation sans bornes), n'avait pas lui-même pratiqué des exterminations à grande échelle: en Amérique du Sud par exemple, ou encore en Irak. Je reconnais que j'ai une très mauvaise mémoire, mais il ne me semble pas que le Métaphysicien les ait jamais condamnées. Soit, dit la Poire, mais on ne saurait, en l'occurrence, parler de collaboration. Le mot a un sens bien précis, il ne faut pas le mettre à toutes les sauces. N'est-ce pas, dit l'Etudiante.
10/11/2010
Difficulté
L'Apparatchik est intervenu ce matin à l'Emission, dit l'Auditrice. Il a parlé du droit d'initiative populaire. Selon lui certaines initiatives ne devraient pas être soumises au peuple: celles, en particulier, contrevenant aux exigences liées à l'implantation programmée de l'... en ... Une commission d'experts s'est récemment réunie pour en débattre. Elle comprenait, outre l'Apparatchik, le Copain, le Futur Copain, l'Activiste, le Politologue, l'Epouse, le Génie modifié, Très-dans-la-ligne, Ventre-à-terre, Ixe, Igrecque, Zède et Zède bis. J'espère n'oublier personne. Ah, si: la Rapace. Ils ont mis sur pied un projet visant à encadrer très strictement ledit droit. Mais ils se heurtent à une difficulté. Un tel projet, s'il devait se concrétiser, devrait au préalable être soumis au vote populaire. Or ils ne pensent pas que le peuple l'accepterait. L'Apparatchik est très embarrassé, il ne sait comment résoudre le problème. Dans ces cas-là, il n'y a qu'une solution, dit l'Ethnologue. Tu connais le mot de Brecht: dissoudre le peuple.
10/06/2010
Et maintenant
Et maintenant, dit le Visiteur? Ils l'ont mis sous neuroleptiques, dit l'Ethnologue. C'est terrifiant, dit le Visiteur. Dites-vous bien que c'est eux surtout qui ont peur, dit l'Ethnologue. Quelqu'un qui leur tient tête, ici au moins, ils n'ont pas trop l'habitude.
9/18/2010
Quatre ans
Comment ne penserait-on pas ici au livre d'Ernst Jünger, dit le Double: Der Waldgänger*. Sauf qu'en l'occurrence, ils ont fini par l'attraper, dit l'Etudiante. Ils l'ont même mis sous neuroleptiques. C'est la règle dans ces cas-là, dit l'Avocate. Elle ne souffre aucune dérogation. On peut très bien vivre dix jours en forêt, dit le Colonel. Ce n'est pas en soi un problème. Un mois c'est déjà plus compliqué. Trois mois, il y faut un sérieux entraînement. Un an, seuls peuvent y prétendre les professionnels. Mais c'est possible. On connaît ainsi le cas d'un Tchèque qui a survécu quatre ans durant dans ces conditions. C'était à l'époque ...
* Traduction française: Traité du rebelle ou le recours aux forêts, in Essai sur l'homme et le temps, Christian Bourgois, 1970.
* Traduction française: Traité du rebelle ou le recours aux forêts, in Essai sur l'homme et le temps, Christian Bourgois, 1970.
9/14/2010
Sui juris
Tiens, une nouvelle chasse à l'homme, dit l'Etudiante: plus de mille policiers ont été mobilisés, parmi eux des tireurs d'élite. En règle générale, les gens se laissent faire, dit le Cuisinier. Ils attendent tranquillement qu'on vienne les embarquer, se saisir de leur personne. En l'occurrence, non: le type ne s'est pas laissé faire. C'est suffisamment rare pour qu'on le relève. Etrange. Elargissons le problème, dit l'Ethnologue. La raison d'être de l'Etat, c'est la protection d'un certain nombre de biens qu'on estime fondamentaux : en gros ta vie, ta liberté, ce qu'il te faut pour vivre, etc. Si l'Etat ne remplit plus sa mission dans ce domaine, à plus forte raison encore en vient à constituer lui-même une menace pour l'individu, précisons-le quand même: une menace grave, ce qui, il est vrai, se produit parfois, l'Etat perd alors toute légitimité. Le contrat social est caduc, chacun redevient sui juris, en d'autres termes récupère ses droits originels, ceux qu'il possédait dans l'état de nature. Faut-il le dire, cela inclut le droit à l'autodéfense. Certains dignitaires changent de domicile tous les soirs, dit l'Etudiante. Ils craignent pour leur sécurité. C'est bien ce que je dis, dit l'Ethnologue.
7/03/2010
Boules quies
On dit: du pain et des jeux, dit l'Ethnologue. Or, il faut bien le dire, la formule bute aujourd'hui sur certaines limites. Passons sur le pain: ou je me trompe fort, ou je n'ai pas l'impression qu'on assiste à l'heure actuelle à de grandes distributions de pain. Les gens en sont plutôt à se serrer la ceinture. Ou alors ils se servent tout seuls. Les jeux maintenant. A Dope City, par exemple, la fête est permanente. Mais pour qui ? Assurément pas pour les riverains, qui dorment, quand ils le peuvent, avec des boules quies dans les oreilles. On invoque aussi le foot. Le prochain entraîneur des ... a été engagé avec un salaire mensuel de 100'000 euros. Oui, 100'000 euros. Les spécialistes, sociologues ou politologues, en concluent que les gens s'intéressent beaucoup au foot. Tu veux que je te dise ? La grande majorité, en réalité, s'en moquent complètement. Et leurs musiques de ..., dit l'Etudiante: rap, rock, techno, etc. ? Ne me dis pas que ça ne marche pas. Ca marche et ça ne marche pas, dit l'Ethnologue. Si tu comptes les gens qui se rendent à leurs pseudo-concerts (largement subventionnés, comme il se doit), effectivement tu as raison, ça marche. Sauf que tu oublies tous les autres: ceux, justement, qui restent chez eux. Non, en fait, ça ne marche pas.
6/28/2010
D'ici cent ans
Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, de toute façon il est trop tard, dit le Cuisinier. Selon un scientifique australien, l'espèce humaine devrait s'éteindre d'ici une centaine d'années. Si seulement, dit le Double. Toute l'espèce, je ne pense pas, dit le Colonel. Il y aura des survivants. Comment s'effectuera le tri, demanda le Collégien? Vaste débat, dit le Colonel. Disons d'abord que si tu possèdes un potager, tu as plus de chance de t'en tirer que sans. Va voir Solutions locales pour un désordre global, le documentaire de Coline Serreau. Il y a un certain nombre de réflexions intéressantes à ce sujet. Le film t'explique aussi qu'en tant que propriétaire d'un potager, tu n'as pas intérêt à t'installer trop près des villes. L'autonomie alimentaire d'un pays comme la France est aujourd'hui de vingt jours. Mais si tu te limites à Paris, elle n'est que de quatre jours: je dis bien, quatre. C'est ça, leur gouvernance. Imagine, dès lors, ce qui se passerait en cas de rupture d'approvisionnement. Les campagnes périurbaines seraient aussitôt pillées, razziées, etc. Au revoir mon potager. Les gens un peu prévoyants vont donc aujourd'hui s'installer très loin des villes. Le plus loin possible, en fait.
6/18/2010
L'Autre
Entendons-nous bien, dit l'Avocate: je n'ai aucune sympathie particulière pour le Guide. Les Américains ont très bien fait, à la fin des années 90, de lui balancer quelques bombes. Pour une fois, ils ont agi utilement. Dommage, simplement, qu'ils l'aient raté. Cela étant, il ne faudrait pas se méprendre. Le Guide se conduit exactement comme on est habitué, sous ces climats-là, à se conduire. On le décrit volontiers comme un psychopathe. Mais leurs critères à eux, je parle du normal et de l'anormal, ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres. Ce qui à toi te paraît bizarre, à leurs yeux, ne l'est en aucune manière. Cela leur paraît tout à fait normal. Il en est ainsi en particulier de l'héritier. On lui reproche de maltraiter sa femme, ses domestiques, etc. Mais lui-même n'a pas vraiment l'impression de les maltraiter. Il les traite comme il a toujours vu autour de lui qu'on les traitait. Ce que je veux dire, c'est qu'une fois au moins dans sa vie, la Cheffe aura croisé la réalité. Demande un peu au Guide ce qu'il pense de la répartition des tâches ménagères au sein du couple. C'est une bonne leçon, elle vaut bien un fromage. L'Autre existe, je l'ai rencontré.
6/11/2010
Tranquille
Tiens, dit l'Etudiante, le guide lybien vient de libérer son otage*. En contrepartie, il s'est vu remettre une somme d'un million et demi d'euros (Le Monde, 15 juin 2010). Un million et demi d'euros, c'est le chiffre officiel, dit l'Avocate. Il faudrait connaître le chiffre réel. Sans compter les à-côtés: frais, pourboires, commissions, pots-de-vin, etc. Je sais désormais ce que je vais faire, dit le Cuisinier: me recycler en tant que preneur d'otages. C'est tranquille comme métier. En prime, j'aurai droit aux excuses de la Cheffe. Je m'excuse, tu t'excuses, il/elle s'excuse, etc. Elle récite tout ça très bien. Je ferai comme le Guide, je la recevrai sous ma tente, en même temps que les dignes représentants de l'Union européenne. Tu as maintenant une tente, dit le Collégien? Pas encore, dit le Cuisinier. Mais quand on fait les choses, il faut les faire proprement. En tant que preneur d'otages, il me faut une tente. Autrement que dirait-on de moi. Dans quinze jours ce sont les soldes.
* L'un des fils du colonel Khadafi avait été interpellé en Suisse pour des incivilités. En représailles, Khadafi coffra un certain nombre de ressortissants suisses.
* L'un des fils du colonel Khadafi avait été interpellé en Suisse pour des incivilités. En représailles, Khadafi coffra un certain nombre de ressortissants suisses.
5/06/2010
Contre personne
20 % de chômage en Espagne, une bonne moitié des pays de la zone euro en état de faillite virtuelle, la crise qui va s'approfondissant (sauf, bien sûr, pour les plus riches: leurs revenus, au cours de la période récente, se sont au contraire envolés): à terme, c'est l'explosion, dit le Cuisinier. Ou la guerre, dit l'Ethnologue. Les dirigeants ont encore cette possibilité-là: déclencher une guerre. Une guerre contre qui, demanda le Cuisinier? Contre n'importe qui, dit l'Ethnologue. Contre personne. Ou encore contre tout le monde: la guerre de tous contre tous. Tu rejoins ici l'Auteur, dit le Cuisinier. C'est ce qu'il dit depuis longtemps. Sauf que, pour l'Auteur, les dirigeants ne veulent pas réellement la guerre, dit l'Ethnologue. Ils vont jusqu'à l'extrême limite, mais là ils s'arrêtent. Ils ne vont pas plus loin. Moi, au contraire, je pense qu'à un moment donné, ils iront plus loin. Et pourquoi donc, dit le Cuisinier? Comme je te l'explique, dit l'Ethnologue: pour empêcher l'explosion.
5/01/2010
Liste noire
La Belette est intervenue l'autre jour à l'Emission, dit l'Auditrice. Elle exige l'établissement d'une liste noire des pédophiles sévissant dans notre pays. Moi qui croyais qu'une telle liste existait déjà, dit l'Etudiante. Elle existe, bien sûr, dit l'Auditrice. Mais elle pourrait se perdre. Il en faut donc une seconde pour remplacer la première en cas de perte. Sécurité oblige, tu comprends? Et surtout, les élections sont dans une année, dit l'Ethnologue. Il y avait aussi la Rapace, dit l'Auditrice. La Rapace a proposé le lancement d'un vaste programme de recherche visant à identifier le gène de la pédophilie dans l'ADN humain. On se donnerait ainsi les moyens de repérer les futurs pédophiles avant même qu'ils ne passent à l'acte. Dès leur conception, en fait. La Rapace a raison, dit l'Avocate. Une bonne fois, il faut qu'on règle le problème: arrêtons, comme on le fait toujours, de couper les cheveux en quatre.
4/16/2010
Comme si
Le plus fort encore, c'est quand ils parlent de discrimination, dit le Collégien. Quand on sait ce qui se passe là-bas... Je te l'ai dit cent fois, dit l'Avocate: ici c'est ici, là-bas c'est là bas. En attendant que là-bas ne devienne ici, dit le Collégien. Qu'est-ce que tu crois, dit l'Avocate: c'est bien ce qui se passe. Je ne te suis pas, dit le Collégien. Effectivement, dit l'Avocate: c'est bien ce qui se passe. Sauf que ce qu'on te demande, c'est de faire comme si cela ne se passait pas. Et la légitime défense, demanda le Collégien: que fais-tu de la légitime défense? Essaye un peu pour voir, dit l'Ethnologue.
4/15/2010
Concessions
Ecoute-les un peu, dit le Cuisinier. En permanence ils reprochent à l'ancienne génération ses accomodements avec le nazisme, dit le Cuisinier. Selon eux, les responsables de l'époque auraient cédé sur des choses sur lesquelles ils n'auraient jamais dû céder. Soit. Posons-nous maintenant cette question: que se serait-il passé si leurs successeurs, autrement dit les responsables actuels, ceux qui aujourd'hui sont au pouvoir, l'avaient été à l'époque? La Cheffe face à Adolphe par exemple. Non, ne ris pas. Ou encore la Schtroumpfe: celle qui, sur injonction des Américains, a coffré le cinéaste Polanski, après l'avoir attiré dans un guet-apens. Imaginons. Demandons-nous ce qui se se serait passé. Tu veux dire qu'ils auraient fait plus de concessions encore, demanda le Collégien ? Ce que je veux dire, c'est que si leurs homologues, il y a 70 ans, s'étaient conduits comme eux-mêmes, aujourd'hui, se conduisent (face aux Américains, au guide lybien, à d'autres encore), nous ne serions même plus ici pour en parler, dit le Cuisinier. Il y a belle lurette que le pays lui-même aurait disparu.
3/19/2010
"The Ghost Writer"
Dans The Ghost Writer, son dernier film, Polanski montre les désagréments auxquels s'exposent les gens trop curieux, ceux s'intéressant de trop près à certaines choses, dit l'Etudiante. Il les montre, mais le fait même qu'il les ait montrés lui a, à lui-même, fait courir de grands risques. Regarde ce qui lui est arrivé. C'est ce qu'on appelle une "mise en abyme", dit l'Ethnologue. L'oeuvre dans l'oeuvre, si tu vois ce que je veux dire. Sauf, bien sûr, que ce qui lui est arrivé est extérieur à l'oeuvre. C'est le même film que celui qu'il a fait, son redoublement, mais en dehors du film.
3/17/2010
Le numéro un
C'est qui, le numéro un, dit le Collégien? Si je le savais, dit le Cuisinier. Tu ne le sais pas, dit le Collégien? Non, dit le Cuisinier: je ne le sais pas. Personne, d'ailleurs, ne le sait. Pas même, peut-être, le numéro un. Et pourquoi donc, dit le Collégien? Si on le savait, le numéro un ne resterait pas très longtemps ce qu'il est: je veux dire le numéro un. Il deviendrait très vite le numéro zéro. Que veux-tu dire par là, dit le Collégien? Rien, dit l'Ethnologue. Je disais ça comme ça.
3/16/2010
Chapeau
En attendant, ils s'équipent, dit le Collégien. Exemple, la vidéosurveillance. En Angleterre, on ne compte pas moins d'une caméra pour quatorze habitants. Bon nombre de ces caméras sont des leurres, dit l'Ethnologue. Elles te font croire qu'on te regarde, en réalité personne ne te regarde (sauf, peut-être, à certains endroits: gares, aéroports, etc. Et encore). Les voyous le savent d'ailleurs fort bien. As-tu le sentiment que les caméras de surveillance les gênent beaucoup dans leurs activités? De toute façon, les images qu'elles produisent, quand elles en produisent, ne sont que rarement utilisables: trop floues, etc. Cela étant, si tu as des doutes, tu peux toujours te déguiser, mettre un chapeau, etc. En l'état actuel des techniques, les caméras ne peuvent rien contre cela. A quoi alors servent-elles, dit le Collégien? A te faire peur, dit l'Ethnologue. Les gens pensent que les dirigeants les regardent. Ils le pensent, et donc font dans leurs culottes.
3/13/2010
Lénine
Bref, dit le Double, on en revient à la question de Lénine: que faire? Rien, dans ce domaine, n'est absolument sans risques, dit le Colonel. Tu prends toujours des risques. Mais il ne faut pas non plus en faire une montagne. En respectant certaines règles de base, tu peux beaucoup faire déjà pour les limiter. Par exemple, dit le Double? Agis toujours seul, dit le Colonel. Ne te confie jamais à personne. Veille à effacer toute trace. On parlait l'autre jour d'ADN: pense en particulier à ça. Renonce au portable: jamais de portable. Ne te presse pas non plus pour agir, prends tranquillement ton temps. Attends qu'une occasion se présente: l'occasion se présente toujours.
3/06/2010
Stéréotype
Très-dans-le-vent était hier à l'Emission, dit l'Auditrice. Il a dit que parler de pensée unique était en soi déjà un stéréotype. Il n'y a pas en fait de pensée unique. Ou s'il en existe une, elle ne consiste en rien d'autre qu'en la dénonciation même de la pensée unique. Justement parce qu'on est contre toute espèce de pensée unique, on se doit de dénoncer tous ceux qui dénoncent la pensée unique. La Sous-cheffe l'a félicité pour son courage. A l'Emission, a-t-elle souligné, on tient en particulière estime les non-conformistes. Ils seront toujours les bienvenus. Très-dans-la-ligne est ensuite intervenu pour dire qu'il ne pouvait qu'approuver les propos du pré-opinant. Il a tenu à préciser qu'il s'exprimait ici au nom des auteurs/autrices de ce pays qui, réunis en assemblée générale, etc. La Sous-cheffe a dit qu'on reviendrait très prochainement sur le sujet, car c'était un sujet important. Ils sont ensuite passés à la météo.
2/26/2010
Police
Intéressant comme émission, dit l'Auditrice (France Inter, 26 février 2010). Ils ont abordé le problème des gardes à vue: tu sais, ces arrestations abusives, pour ne pas dire complètement illégales, qui font que les gens disparaissent vingt-quatre heures durant, à l'initiative de la police. Rien qu'en 2009, leur nombre s'est élevé à 900'000. 900'000, soit dit en passant, c'est plus d'un pour cent de la population française. Souvent même pour un rien. Mettons que tu traverses la rue en dehors des lignes jaunes. Des agents passent par là, ils peuvent très bien te demander de les suivre. Allez, pas de discussion, vous vous expliquerez au commissariat. Là, ils te prennent ton ADN. Il faut en revenir aux fondamentaux dit l'Ethnologue. La police n'est ni de droite ni de gauche. Elle n'est que ce qu'elle est et a toujours été: la police. On est au-delà aussi de la distinction entre démocratie et totalitarisme. Relis Orwell. Troisièmement, comme je te l'ai plusieurs fois déjà expliqué, la police ne s'intéresse pas d'abord aux délinquants, mais aux non-délinquants. C'est le fait même que tu n'aies commis aucun délit qui te désigne, à leurs yeux, comme suspect. Le reste est anecdotique.
2/23/2010
Quatre
Tiens, il est question aujourd'hui de la Pasteure, dit l'Avocate. La Pasteure qui, dit le Sceptique? Celle à qui tu envoies de temps à autre des courriels, dit l'Avocate: des courriels qu'elle laisse sans réponses. On en a parlé ici même. Des courriels sur quoi, dit le Sceptique? Comment, tu ne te souviens pas, dit l'Avocate? Sur la parabole du Fils prodigue. C'était il y a trois ans. Quatre, corrigea l'Etudiante. Et donc, dit le Sceptique? Elle vient de prendre le pouvoir, dit l'Avocate. Si je devais me souvenir de tous ceux ou celles qui cherchent à prendre le pouvoir, dit le Sceptique. Mais elle, elle l'a effectivement pris, dit le Cuisinier. Oui, et alors, dit le Sceptique ? Ce n'est pas exactement la même chose que de prendre le pouvoir et de ne pas le prendre, dit le Cuisinier. Là détrompe-toi, dit le Sceptique. C'est exactement la même chose. A la limite, même, tu as plus de pouvoir en ne prenant pas le pouvoir qu'en le prenant. Si ce que tu dis est vrai, cela signifie que la Pasteure disposera désormais de tout le temps nécessaire pour répondre à tes courriels, dit l'Avocate. Tu devrais être content. Sauf que ce que je viens de dire, elle ne le sait pas, dit le Sceptique.