12/16/2018

Tendance

D'où vient cette hyper-violence, dit l'Ecolière: je parle de la violence policière? C'est sans équivalent ailleurs en Europe (au moins aujourd'hui: en remontant un peu dans le temps, on trouverait des points de comparaison). Qui plus est, tu l'auras remarqué, la police veille à ne jamais s'en prendre aux casseurs. Les gens qu'on gaze, sur lesquels on cogne un maximum, qu'on flash-balise avant de les mettre en garde à vue, etc., sont des non-casseurs: manifestants ordinaires, simples passants ou spectateurs, etc. Tu l'expliques comment? Les casseurs sont pour l'essentiel des petits chéris, dit l'Ethnologue. Tu ne voudrais quand même pas qu'ils s'en prennent aux petits chéris. Nos petits chéris. Première chose. Deuxième chose, ce qu'on demande à la police, ce n'est pas de prévenir les pillages et les déprédations. Evidemment non. Ce qu'on lui demande, c'est de prévenir les manifestations elles-mêmes, de dissuader les gens d'y participer. Pour cela il n'y a pas trente-six moyens. L'hyper-violence, en l'occurrence, a une fonction d'intimidation. Troisièmement, quand tu dis que cela ne se voit qu'en France, c'est inexact. Partout, aujourd'hui, en Europe occidentale, on assiste à une radicalisation (pour ne pas dire une fascisation) du système. La France a, certes, plusieurs longueurs d'avance en ce domaine (c'est dû à son histoire propre: 40-44, les guerres coloniales, etc.), mais ailleurs la tendance est la même. Le recours aux solutions policières est de plus en plus aujourd'hui la règle en Europe.