12/07/2018

Après

Les dirigeants mettent en garde la population, dit l'Ethnologue: demain, disent-ils, il pourrait y avoir des morts. La phrase doit bien sûr être lue à l'envers. C'est une menace camouflée. Nous avons donné l'ordre de tirer. Reste à savoir ce qui se passera après. Beaucoup parlent de guerre civile. C'est, certes, une éventualité envisageable, mais je n'y crois pas trop. Les gens ne sont pas préparés à cela. Ce n'est pas non plus ce que veulent les dirigeants (même s'ils jouent avec cette possibilité-là: au sens où certains jouent avec le feu. S'ils en instrumentent la possibilité objective: pour justifier leurs exactions). Ce à quoi il faut plutôt s'attendre, c'est à un renforcement de la dictature actuelle. Logiquement, ils devraient décréter l'état de siège: non pas l'état d'urgence, l'état de siège. L'état d'urgence existe déjà maintenant. Ce sont les lois antiterroristes. Les dirigeants les utilisent, comme vous le savez, à des fins de contrôle social et d'intimidation. L'état de siège permet d'aller au-delà. Jusqu'où exactement, difficile de dire. Sauf que les dirigeants supportent de plus en plus mal d'être bridés dans leurs initiatives. Ce régime est un régime d'administration directe (Direct rule)*. Il a été mis en place pour faire un certain nombre de choses. Or, des frictions se font jour. Elles ont un effet de frein. Pour les dirigeants, c'est inacceptable. Time is money. Au fond, on est à la veille d'un coup d'Etat, dit l'Ecolière. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, dit l'Ethnologue.

* Voir "En marche (2)", 4 mai 2017.