10/02/2019
Les mots qu'il faut
Regarde, dit l'Ecolière: il vient d'être sanctionné par sa hiérarchie. Ces apparatchiks lui reprochent d'avoir critiqué les journées officielles sur le climat. Le seul but de ces journées, a-t-il dit, est d'aider les politiciens à se faire réélire: ça leur est resté en travers. Il aurait également pu dire que c'est un bon dérivatif, dit le Collégien. Pendant qu'ils parlent de la crise climatique (dont, justement, ils ne font que parler), ils ne parlent pas du reste: de la frontière méditerranéenne en train de s'effondrer, par exemple. Rien ne les en empêche, dit l'Avocate. Sauf que si l'un d'eux le faisait, il lui faudrait ensuite passer à la caisse: en France, par exemple, juste à côté, cela peut avoisiner et même dépasser les 100'000 euros: plus les frais de justice. Tiens, à propos, dit l'Ethnologue: vous avez vu les récentes déclarations d'... ...? La police d'Etat vient d'ouvrir une information à son encontre. Qu'est-ce qu'on a encore le droit de dire, dit l'Ecolière? Rien, dit l'Avocate. C'est ce qu'on est en train de t'expliquer. Mais ça, tu le sais depuis longtemps. Soit, dit l'Ecolière. Mais comme tu le vois aussi, beaucoup n'en font qu'à leur tête. Ils passent outre. En plus, ce qu'ils disent, ils le disent plutôt bien. Avec les mots qu'il faut. C'est le langage de la vérité. Je ne dis pas le contraire, dit l'Avocate. Ils font montre également d'un très grand courage. Mais là, tu te sacrifies. On peut le faire. On peut se sacrifier. Pourquoi non. Mais tu te sacrifies. Il faut en être conscient.