10/06/2019

La retourner (2)

Autre exemple, dit l'Ecolière: leurs cris d'orfraie à l'annonce du prix Nobel de littérature 2019, auteur auquel ils ne cessent de reprocher depuis vingt ans d'avoir, à l'époque, assisté aux obsèques de l'ancien président serbe Milosevic, découvert un jour mort dans une prison de l'OTAN (pardon, du TPIY) à La Haye. Il n'aurait pas dû. Très vite, l'homme de lettres s'est retrouvé mis au ban de la société. On a cessé de l'inviter dans les médias. Ses pièces ont  été déprogrammées. Etc. Là encore, on prend le récit officiel et on le retourne. C'est relativement simple comme opération. A force de la répéter, elle finit par devenir automatique. On n'y pense même plus. Chaque fois que les dirigeants disent quelque chose sur quelque sujet que ce soit (Moyen-Orient, terrorisme, sites Seveso, criminalité policière, place des femmes dans la société, Méditerranée, etc.), on sait d'avance que c'est le contraire qui est vrai. Ou encore, vous voyez une personne que les médias officiels montrent du doigt en la traitant en paria. Vous vous dites tout de suite, sans même avoir besoin de réfléchir, que c'est forcément quelqu'un de très bien. Vous voudriez beaucoup lui être présenté. Il en va de même de certaines "condamnations" en justice. On les décrit comme déshonorantes, alors même qu'elles sont au contraire particulièrement honorables. On devrait être très fier, aujourd'hui, d'avoir été "condamné" par certains juges. Et ce sont ces derniers qui devraient figurer au tableau noir de la honte.