L'ennemi prioritaire, ce seraient donc les "Joe" (1), dit l'Ecolière? Les "Joe", comme tu le sais, ne sont que des exécutants, dit l'Ethnologue. Ils font ce qu'on leur dit de faire. C'est le cas aussi des terroristes, dit l'Ecolière. C'est le cas aussi des terroristes, dit l'Ethnologue. En quoi, alors, les "Joe" se distinguent-ils des terroristes, dit l'Ecolière? Il n'y a aucune différence, dit l'Ethnologue. Passons maintenant aux amis, dit l'Ecolière. Qui sont nos amis? Tu n'a pas d'amis, dit l'Ethnologue. Je me corrige. Tu as peut-être des amis, c'est même probable, mais à ce stade au moins, tu ne peux pas le savoir, je veux dire: en être certaine. Et par conséquent non plus, tu ne peux pas savoir qui sont tes amis (s'il y en a; mais très probablement, encore une fois, il y en a). Tes ennemis, en revanche, oui. Les "Joe", par exemple, sont clairement tes ennemis. Leurs "petits chéris" aussi, bien sûr. Les terroristes, n'en parlons pas. Mais qui sont tes amis, non, tu ne peux pas le savoir. Pas maintenant en tout cas. Tu le sauras assurément un jour, mais plus tard. C'est la guerre elle-même qui te l'apprendra. L'ennemi est ce qui fait qu'il y a la guerre, la guerre elle-même est ce qui fait qu'il y a des amis. Et en attendant, dit l'Ecolière? En attendant, tu seras seule, dit l'Ethnologue. Seule et sans amis. Tu ne pourras compter que sur toi-même. Il te faudra te débrouiller avec les moyens du bord. Prendre toi-même les décisions qui s'imposent.
(1) Voir "Conséquences", 6 septembre 2015.