Au début de l'été 2015, un auteur évoquait l'installation en cours d'un "climat de guerre civile moléculaire"*, dit l'Etudiante. C'est le mot moléculaire qui me gêne. Avec ce qui vient de se passer, peut-on encore parler de guerre moléculaire? Schématiquement, on est en présence de deux guerres, dit le Colonel. La première, effectivement, mérite d'être dite "civile moléculaire". C'est un produit de l'immigration planétaire de masse, telle qu'elle s'est développée en Europe depuis une quarantaine d'années : phénomène voulu et encouragé par les dirigeants (qui l'ont instrumenté pour casser le corps social, le réduire en petits morceaux: en molécules, justement). Guerre moléculaire, mais aussi vaporeuse, stochastique, épousant les formes diverses et variées de la criminalité au quotidien. Mais elle peut aussi se cristalliser en émeutes urbaines, comme on l'a vu en France en 2005. L'autre guerre est la guerre civile mondiale**, guerre, jusqu'ici, centrée sur le Moyen-Orient, mais qui, aujourd'hui, s'est étendue à l'Europe, à l'initiative de l'EI. Chacun, en fait, sait très bien ce qui se cache derrière l'EI: un certain nombre d'Etats comme la Turquie du dictateur Erdogan, le Qatar et l'Arabie séoudite. L'Etat états-unien est également à la manoeuvre. La logistique mais aussi les moyens utilisés sont ceux des services spéciaux. Chacune de ces deux guerres embraye sur l'autre, sert de moteur à l'autre. Mais elles n'en sont pas moins distinctes l'une de l'autre. Certains djihadistes sont peut-être d'anciens "petits chéris", mais ce n'en serait pas moins une erreur de ne voir en eux que des "petits chéris". Les événements auxquels nous venons d'assister sont à interpréter sous cet angle.
* Bernard Wicht, "Note prospective de l'été 2015", theatrum-belli.org (juin 2015).
** Voir "S'applique bien", 12 octobre 2015.