Pour l'instant encore, peut-être, c'est une solution, dit l'Etudiante. Mais ensuite? Comme tu le sais, la carte à puce n'est qu'une première étape. La suivante, c'est le portail électronique. Le billet simple, ici, disparaît, on se contente, en lieu et place de capter tes données personnelles. Eh bien, tu passes au vélo électrique, dit le Colonel. Tu plaisantes, dit l'Etudiante. La vitesse est loin d'être toujours une panacée, dit le Colonel. Parfois même elle est contre-productive. Maintenant déjà, quand tu as quelque chose d'important à dire à quelqu'un, tu sais que tu ne dois pas utiliser Internet. La poste à l'extrême rigueur, mais en étant bien conscient qu'en France, par exemple, les nom et adresse de l'expéditeur, tout comme ceux du destinataire, au moins pour ce qui est des lettres en provenance de ou pour l'étranger, sont systématiquement recueillis et stockés. Mieux vaut donc encore recourir à un porteur, le cas échéant, même, à un messager (porteur d'un message oral). On faisait comme ça autrefois, on recommencera. En contrepartie, il est vrai, tout sera beaucoup plus lent. Et alors? Ce n'est pas toujours la vitesse qui te fait échapper au prédateur, mais parfois au contraire la lenteur. Je parle du vélo électrique, mais ce pourrait être tout simplement la marche à pied. Les gens doivent réapprendre aujourd'hui à marcher. Au XVIIIe siècle encore, les gens étaient entraînés à parcourir 80 km en une journée*. Ce n'est pas seulement meilleur pour la santé mais pour ta survie même en tant que sujet autonome, confronté au monstre totalitaire en train, irrésistiblement, de naître sous nos yeux.
* Graham Robb, Une histoire buissonnière de la France, Flammarion, 2011, p. 311.