12/31/2011

Cronenberg

Je suis allé voir "A Dangerous Method", dit l'Ethnologue. Il y est question du conflit entre Jung et Freud, qui marqua les débuts de la psychanalyse. Les personnages parlent beaucoup entre eux, leurs discussions sont souvent intéressantes. C'est de la bonne vulgarisation. Cronenberg, le réalisateur, penche plutôt du côté de Freud, mais il n'est pas positivement hostile à Jung. Il se contente d'ironiser un peu à son propos, juste un peu. C'est le registre analytique, celui de la neutralité bienveillante. On aime ou on n'aime pas, moi ça me plaît plutôt. Le conflit Freud-Jung a bien évidemment une dimension oedipienne (Freud jouant le rôle du père). Mais l'accent est surtout mis ici sur la portée intellectuelle de cette dispute. Alors que Freud, en bon positiviste, assigne des limites strictes à la science, veillant en particulier à en écarter tout ce qui aurait trait à la mystique et à la religion, Jung, au contraire, cherche à jeter un pont entre les deux domaines. Il ne partage pas en particulier l'opinion de Freud selon laquelle la théorie sexuelle épuiserait les problèmes de l'âme humaine. Le débat, aujourd'hui encore, n'est pas clos. Le film baigne dans une douce lumière d'été, avec en fond de décor les vagues bleues du lac de Zurich.

12/17/2011

Aucune victime

Je vous donne les dernières nouvelles, dit l'Etudiante. Selon un spécialiste, 400 meutes de loups pourraient bientôt trouver place sur le territoire allemand (Le Monde, 10 décembre 2011). Vous rendez-vous compte: 400 meutes! Cela étant, il faut bien l'admettre, aucune victime n'est encore à déplorer, dit le Double. C'est ce que tu crois, dit l'Ethnologue. Parce que, d'après toi, il y aurait déjà eu des victimes, dit le Double? Je n'en sais rien, dit l'Ethnologue. En revanche, ce que je sais, c'est que s'il y en avait eu, je ne le saurais pas. Ni toi non plus, d'ailleurs. L'information aurait été censurée. Il faut bien voir les problèmes, dit le Colonel. On évoquait ici même, il y a quelques mois*, leurs ballets d'hélicoptères: ces loups d'élevage qu'ils lâchent assez régulièrement dans la nature, comme tout le monde le sait maintenant. Dans quel but? L'écologie n'est bien évidemment chez eux qu'un prétexte. Leur véritable objectif est politique. A un moment donné, je pense, ils en viendront à interdire l'accès de certaines zones: forêts, montagnes, etc. Les gens ne pourront plus sortir des villes, à la limite, même, de chez eux. C'est ça l'objectif.

* Voir "Kilomètres", 4 juillet 2011.


12/05/2011

Les mieux classés

Et les gardiens de camp, dit le Visiteur? Il ne faudrait quand même pas les oublier, ces gens-là. Un grand avenir les attend. Je ne les oublie pas, dit l'Auteur. Sauf qu'il est encore trop tôt pour en parler. Ils sont en formation. Où donc, dit le Visiteur? Un peu partout, dit l'Auteur: dans la rue, le RER, certaines zones prioritaires, en prison, etc. Tout est axé sur la pratique, on a renoncé aux cours ex cathedra. Et les évaluations, dit le Visiteur: comment vous y prenez-vous? On leur fait passer des tests, dit l'Auteur: naturellement ils ne s'en rendent pas compte. C'est mieux comme ça. Pourquoi donc, dit le Visiteur? Parce qu'autrement, on peut le penser, ils manqueraient de naturel, dit l'Auteur. Ils prendraient, certains diraient la pose. Avec ce système,  non: ils se révèlent réellement tels qu'ils sont. On veille en revanche à créer un climat propice à leur épanouissement (par le développement de l'analphabétisme de masse, par exemple, ou encore de certaines formes de sous-culture). On tient aussi beaucoup à ce qu'ils puissent donner libre cours à leur créativité. Tout ce qu'ils ont envie de faire, ils le font. Ensuite, dit le Visiteur? Ensuite, c'est comme à l'ENA, dit l'Auteur: les mieux classés pourront choisir leur corps d'affectation.

12/01/2011

Très floue

Traditionnellement on distingue l'armée de la police, dit l'Auteur. Mais la frontière est aujourd'hui très floue. D'un point de vue fonctionnel, l'armée et la police ne sont que les deux branches d'un seul et même complexe, le complexe sécuritaire, complexe incluant en lui les forces armées, certes, mais aussi les personnels en charge de la sécurité intérieure: policiers, gendarmes, espions, contre-espions, police administrative, environnementale, etc. Quantité de gens, donc. On est au-delà aussi de la dualité public-privé. Si beaucoup de ces personnels, policiers ou militaires, appartiennent à la fonction publique, d'autres, en revanche, tout aussi nombreux d'ailleurs (sinon même davantage), travaillent pour des entreprises de sécurité privée, des sociétés de gardiennage, etc. Mais les donneurs d'ordre restent les mêmes. Contrairement à ce qu'on entend dire parfois, le monopole de la violence physique légitime (Max Weber) n'est donc en rien remis en cause. Il s'est même plutôt renforcé. Un mot encore. Quand on dit que l'armée et la police ont aujourd'hui fusionné, cela signifie en réalité que la fonction militaire s'est rabattue sur la fonction policière. Il n'y a plus aujourd'hui, comme vous le savez, d'ennemi extérieur. Il a été remplacé par l'ennemi intérieur. L'armée apparaît ainsi de plus en plus comme un simple appendice de la police. Les états-majors se recentrent sur le quadrillage des villes, la "guerre contre le terrorisme", la participation, sous supervision américaine, à de soi-disant opérations de "maintien de la paix", les "catastrophes naturelles", la virologie sur Internet, etc. Penser aujourd'hui la guerre, c'est penser la guerre civile.

11/23/2011

"Les neiges du Kilimandjaro"

C'est l'angle mort du film, dit l'Ethnologue. A aucun moment il n'y est seulement fait référence. Tu vois de quoi je parle. Et pourtant l'histoire se passe à Marseille. La crédibilité de certaines scènes s'en ressent. Mais c'est un film intéressant. Il montre bien en particulier comment la crise conduit à l'éclatement des solidarités naturelles, celles entre jeunes et vieux par exemple. Les jeunes en veulent à leurs aînés de n'avoir pas connu les difficultés auxquelles eux-mêmes se trouvent aujourd'hui confrontés: ce qu'ils appellent la galère. Et donc, plutôt que de s'en prendre aux vrais responsables de la crise: les dirigeants, ils retournent leur agressivité contre les vieux, leur reprochant de se la couler douce, alors qu'eux-mêmes doivent se débrouiller comme ils le peuvent pour survivre au jour le jour. C'est un aspect de la guerre de tous contre tous. Moyennant quoi les spéculateurs continuent d'arrondir leurs fins de mois, de les arrondir, en particulier, en faisant monter les taux d'intérêt. C'est autant d'argent qu'on retire à l'Etat social, autrement dit aux pauvres et aux classes moyennes, toutes générations confondues. C'est quoi le titre du film, dit l'Etudiante? Les Neiges du Kilimandjaro, dit l'Ethnologue.

11/16/2011

Du capital

On en a souvent fait la remarque, dit l'Auteur: c'est l'armée de réserve du capital. Mais l'expression est ambiguë. Quand Marx, qui l'a forgée, l'utilise, il se réfère à une certaine stratégie sociale, celle consistant à accroître artificiellement le nombre des demandeurs d'emploi afin de faire pression sur les salaires. Au point de départ, c'est bel et bien ce qui s'est passé. Je parle des années 60 et 70 du siècle dernier. Ensuite, avec la crise, les choses ont évolué. L'objectif n'est plus tant aujourd'hui de faire pression sur les salaires que de tenir, purement et simplement, la population en respect, de l'empêcher de se révolter. On n'est plus du tout ici dans la métaphore. Et les forces de l'ordre, dit le Collégien: que deviennent-elles dans tout cela? L'armée de réserve du capital ne remplace évidemment pas les forces de l'ordre, dit l'Auteur. Comme son nom l'indique, elle intervient plutôt en appui. Ce sont des supplétifs. On le voit, par exemple, avec la criminalité de masse. La terreur qu'elle inspire est très appréciée des forces de l'ordre. Elle les soulage utilement dans l'accomplissement de certaines de leurs missions. Cela étant, la criminalité de masse a surtout valeur d'avertissement. Les dirigeants font passer par là un message: veillez à ne pas dépasser certaines limites. Et ça marche, dit le Collégien? Bien sûr que ça marche, dit l'Auteur. Regarde autour de toi.







11/06/2011

Le problème

La Vache vient de frapper un grand coup, dit le Cuisinier. Elle voudrait qu'on condamne à un an de prison ferme tout revendeur de drogue pris en flagrant délit. Un an ferme, tu te rends compte? La vache, dit le Collégien. C'est une femme à poigne, dit le Cuisinier. On ne peut pas dire le contraire. Comment lesdits revendeurs ont-ils pris la nouvelle, dit l'Etudiante? Littéralement ils n'en dorment plus, dit le Cuisinier. Certains se demandent même s'ils ne vont pas se recycler dans d'autres activités. C'est très facile de critiquer, dit la Poire. Vous-même, que proposez-vous comme solution? Avant de vous répondre, dit le Cuisinier, je vous corrige sur un point. Vous vous exprimez comme si la Vache voulait résoudre les problèmes. Dans quel monde vivez-vous. La Vache ne veut rien résoudre du tout, comprenez-vous bien? Je vais même plus loin encore.  Elle est elle-même le problème: elle-même et ses congénères (veaux, vaches, moutons, etc.). Je réponds maintenant à votre question.


11/03/2011

D'actualité

Prenons un exemple, dit l'Ethnologue. Vous voyez ce qu'est l'... Certains reprochent  aux dirigeants leur prétendue naïveté en la matière. Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. C'est très injuste comme reproche. Les dirigeants savent au contraire très bien ce qu'ils font. Pour être plus clair encore, ils savent très bien ce qu'est l'...: ce qu'il est, et aussi ce qu'il n'est pas. Ils connaissent très bien les textes: tel texte dit ceci, tel autre cela. Et aussi l'histoire: qu'est-ce qui s'est passé à tel endroit et à tel moment, dans quelles conditions, avec quelles conséquences (en termes, notamment, civilisationnels), etc. Or cela leur plaît bien. Ils n'y voient même que des avantages (pour eux). Je parle ici bien sûr des dirigeants. Les autres, effectivement, ne sont au courant de rien. Ils baignent dans une douce ignorance, ignorance que les dirigeants s'emploient naturellement à entretenir. Ils n'ont pas la moindre idée de ce qui les attend. Mais bon, c'est leur problème. Ils sont majeurs, ils prennent leurs responsabilités.

11/02/2011

Qui fait sens

C'est vrai que la crise les arrange bien, dit le Double. Quelle aubaine! Ils en rêvaient depuis toujours. Et voilà, le rêve se concrétise. D'autres, à une autre époque, aurait parlé de divine surprise. Pour autant cela ne signifie pas qu'ils l'aient intentionnellement programmée. Programmée, je ne dirais pas (au sens strict, au moins). Ils l'instrumentent, ça indiscutablement. Ils profitent de la situation pour faire avaler aux gens toutes sortes de choses qu'ils n'arriveraient pas autrement à leur faire avaler: le démantèlement de l'Etat social par exemple. C'est le schéma de Naomi Klein, La stratégie du choc. Vous avez tous lu ce livre, j'espère. De là à dire qu'ils se seraient un jour réunis en séminaire, à St Moritz par exemple, pour dire: voilà, on va déclencher une crise, j'ai des doutes. C'est évidemment possible, je n'en disconviens pas. Il y a des précédents. Mais je ne pense pas. Il faut resituer les choses dans leur contexte, dit l'Ethnologue. La crise n'est pas un phénomène isolé, il y a tout le reste. Ces phénomènes te sont connus, je ne vais pas en dresser ici la liste. Tous s'éclairent mutuellement. C'est cet ensemble même qui fait sens.

10/24/2011

Elections

Tiens, il vient d'y avoir des élections, dit l'Etudiante. Tu suis un peu ces choses, toi? 48 % seulement des gens se sont déplacés, dit l'Auditrice: une petite moitié. Tu dis des gens, dit le Cuisinier. En fait, tu parles des électeurs: 48 % des électeurs. C'est-à-dire, dit le Collégien? A côté tu as tous les autres,  dit le Cuisinier: les non-électeurs. Toi qui habites Dope-City, promène-toi un peu dans la rue: à vue de nez, comme ça, combien en croises-tu, dis-moi, d'électeurs? De vrais? C'est un vieux débat, dit l'Auditrice: pays légal contre pays réel. Sauf que jamais, jusqu'ici, le fossé n'a été aussi profond, dit le Cuisinier. Ce n'est même plus d'ailleurs maintenant un fossé, c'est un abîme. Regarde aussi leurs affiches, dit l'Etudiante: ces têtes de bobos. Et de bobottes, dit l'Auditrice. En même temps cela a son charme, dit le Cuisinier. C'est comme le théâtre de boulevard, les films des années 50, etc. Qu'est-ce que vous avez contre le théâtre de boulevard, dit la Poire? Justement rien, dit le Cuisinier. Vous m'écoutez mal. Je suis au contraire très pour. On oublie les problèmes, on pense à autre chose.







A petites doses

On pourrait laisser entrer tout le monde, dit l'Auteur: en gros, ce serait la position  chrétienne. Tous les hommes sont frères, les frontières n'existent pas. En découlent, il est vrai, un certain nombre d'inconvénients: le remplacement d'une population donnée par une autre, par exemple. Ou au contraire ne laisser entrer personne. C'est ce que recommandent certains. En l'occurrence, on ne fait ni l'un ni l'autre. On n'est ni assez détaché de soi pour abolir complètement les frontières, ni assez soucieux de soi pour les fermer. On se suicide donc, mais à petites doses. Au bout du compte le résultat est le même. Mais on repousse ainsi les échéances. C'est un honnête compromis.






10/13/2011

Ce qu'il faut

Encore et toujours le loup, dit l'Ethnologue. Les autorités ont peine à cacher leur joie. Il serait maintenant, disent-elles, "aux portes de Grenoble" (Le Monde, 27 juillet 2011). Mais il ne les franchit pas, dit l'Etudiante. Je parle des portes. Au fait pourquoi: pourquoi ne les franchit-il pas? Parce qu'on n'a pas besoin de lui, dit l'Ethnologue. Jusqu'aux portes, oui, on a besoin de lui. Il est même indispensable. Je vous en ai donné la raison. Mais au-delà, non. On peut au contraire très bien s'en passer. Je ne comprends pas, dit le Collégien. Il ferait double emploi, dit l'Ethnologue. On a déjà ce qu'il faut.

8/13/2011

Du bien et du mal

Quand ce lord, grand copain de Rupert Murdoch, dit que les gens qui volent des téléviseurs à écran plat dans les magasins* n'ont pas le sens du bien et du mal, certains se demanderont s'il est réellement le mieux placé pour développer ce genre de remarques, dit l'Etudiante. D'une part, dit l'Ethnologue. Mais il faut élargir encore le débat. Que font-ils d'autre, ces gens, sinon reproduire à leur propre échelle à eux, comparativement parlant, il faut le dire, très modeste, les attitudes et comportements des membres de la suprasociété, qui eux bien sûr n'ont jamais volé personne (comme on le voit, par exemple, avec les salaires qu'ils s'octroient: de 400 à 500 fois le salaire moyen, quand ce n'est pas davantage encore). Pas plus qu'on ne saurait les accuser de se soustraire à leurs obligations fiscales (encore une légende). Ils pillent peut-être la planète (et encore, c'est pour la bonne cause: comme on sait, par pur amour du prochain). En revanche, on ne les a encore jamais vu piller un magasin pour en emporter des bouteilles d'eau minérale ou de la nourriture. Ils ne se le permettraient pas.

* Des émeutes urbaines ont éclaté en Angleterre, avec pour conséquence le pillage de  nombreux magasins.

7/31/2011

A le faire

Ils n'ont pas traîné, dit l'Etudiante. Je pensais qu'ils respecteraient au moins un délai de décence. Qu'est-ce que tu crois. La Carpe vient de déclarer qu'elle veut un contrôle renforcé de l'Internet, de nouvelles lois encore dans ce domaine (comme si les précédentes n'étaient pas déjà suffisantes), etc. Elle veut en particulier pouvoir suivre en temps réel toutes les conversations par SMS, au téléphone, etc. C'est qui la Carpe, dit le Visiteur? Une ancienne groupie de Blair, dit l'Etudiante. Elle a succédé à ce poste à l'Anguille. Une copine aussi, je crois, de l'Apparatchik. Tout ce qu'elle demande, en fait, elle l'a déjà, dit le Cuisinier. Si la police le veut, elle peut entrer dans n'importe quel ordinateur, le mien comme le tien. Les gens le savent d'ailleurs très bien, et se comportent en conséquence. Il faut distinguer deux choses, dit l'Avocate. L'état d'exception, d'une part, son officialisation actuelle de l'autre. Jusqu'ici les dirigeants faisaient ce qu'ils voulaient: fiat pro ratione voluntas. Mais ils vont maintenant plus loin. Ils ne se contentent plus, comme c'était le cas jusqu'ici, de faire ce que bon leur semble. Ils le font, certes (ce que bon leur semble), mais de plus en plus, également, font des lois les autorisant à le faire. C'est ça la nouveauté.

7/28/2011

A quoi verrait-on

A quoi verrait-on que ce ne serait pas ce qu'on croit que c'est, dit le Collégien ? Au fait, justement, qu'on le verrait, dit l'Avocate. Mais on ne le voit pas, dit le Collégien. C'est bien ce que je dis, dit l'Avocate.

7/05/2011

Grosses limaces

Je suis allé cet après-midi aux obsèques de l'Autre Editeur, dit l'Auteur. Il y avait là beaucoup de monde, toutes sortes de gens que je connais plus ou moins: auteurs, éditeurs, libraires, etc. Le Cuisinier qui était avec moi m'a alors fait cette remarque. Regarde autour de toi: où sont les représentants de la culture officielle? Effectivement, il n'y en avait aucun. Aucun représentant de l'Etat non plus. Nul n'ignore pourtant ce que l'Autre Editeur a fait pour la littérature de ce pays. Pour sa littérature, et également ses auteurs. La ... lui doit une partie de son rayonnement à l'étranger. Quelle importance. Ces grosses limaces méprisent en fait profondément la culture. A vrai dire la détestent. On l'avait déjà vérifié, il y a deux ans, au moment de l'affaire Polanski. En fin de compte, qu'ils ne soient pas venus est en soi plutôt une bonne chose. L'Autre Editeur n'aurait pas tellement aimé leur présence.

7/04/2011

Kilomètres

Et pendant ce temps le loup s'amuse, dit le Cuisinier. On vient tout juste d'en repérer un dans les Vosges (Le Monde, 26 juin 2011). Il a égorgé une trentaine de moutons. Tous ces kilomètres, quand même, dit l'Ethnologue. Tu veux dire quoi par là, dit le Collégien? Ce sont des loups d'élevage, dit l'Ethnologue. On les héliporte à un endroit donné, ensuite débrouillez-vous, les gars. Ils se débrouillent d'ailleurs très bien, comme tu vois. Tu as des preuves, dit le Collégien?  Les personnels tiennent à leur poste, dit l'Ethnologue. Ils ne disent donc rien. C'est secret-défense. Mais il leur arrive parfois de prendre des photos. Certaines, en ..., ont même atterri sur le bureau d'un juge. Et qu'a fait le juge, dit le Collégien? Lui aussi tient à son poste, dit l'Ethnologue.

6/08/2011

"Essential Killing"

Avez-vous vu Essential Killing, le dernier film de Jerzy Skolimowki, dit l'Ethnologue? Non, c'est bien normal. Il faut aller à Paris pour le voir. En ..., il n'est pas distribué. Demande-toi pourquoi. Le film te montre une prison secrète de la CIA, la manière, un peu, dont ça fonctionne. Un peu. En principe on ne montre pas ces choses, là oui. En partie. On te montre aussi une chasse à l'homme. Un de leur prisonniers leur a faussé compagnie, et donc ils cherchent à le récupérer. On est dans une grande forêt enneigée, pas forcément l'endroit sur terre le plus agréable. On a beaucoup dit il y a quelques années que la Pologne, un temps au moins, avait abrité des lieux de détention clandestins de la CIA. Les Polonais, la main sur le cœur, ont naturellement démenti. Que des ragots. En attendant la police militaire américaine s'en donne à cœur joie. Leurs chiens d'attaque aussi d'ailleurs. Sauf qu'on te montre aussi comment les neutraliser. C'est un film de résistance. Un des rôles féminins a été confié à Emmanuelle Seigner, l'épouse de Roman Polanski.

6/07/2011

Moderne

Tiens, ça me rappelle une déclaration de Guennadi Ziouganov, le leader du PC russe, dit l'Etudiante. C'était en 2011. Il prétendait que le ... est une Gestapo moderne*. Je ne comprends pas bien ce qu'il veut dire, dit le Collégien: qu'est-ce que ce tribunal islamo-américain a à voir avec la Gestapo? En plus les juges sont en robe. Autant que je sache, les membres de la Gestapo ne portaient pas de robe. Il dit bien, une Gestapo moderne, dit l'Ethnologue. Aujourd'hui, les membres de la Gestapo seraient peut-être en robe. C'est vrai, je n'y avais pas pensé, dit le Collégien. Il y a la robe, mais pas seulement la robe, dit l'Ethnologue: il y a l'ONU, l'OTAN, les bombes à fragmentation, l'uranium appauvri, les trafics d'organes humains, etc. C'est très moderne, tout ça.

Libération, 3 juin 2011.

6/04/2011

Toute trace

Quand même, dit le Collégien, ils auraient pu lui apprendre à mieux mentir. Elle ment très mal. Je ne suis pas d'accord, dit le Colonel. Elle ment au contraire très bien. Mais en faisant semblant de mal mentir. Je ne te suis pas, dit le Collégien. En certains cas, il peut être avantageux de mal mentir, dit le Colonel. A tout le moins d'en donner l'impression. Autrement, très vite, les gens en viennent à se poser des questions: où donc, comme ça, as-tu appris à si bien mentir? A quel stade en es-tu de tes études? Etc. La première chose, en conséquence, qu'ils t'enseignent, c'est à t'emmêler un peu les pinceaux. Pas trop, bien sûr, il ne faut pas exagérer. Juste un peu seulement. Tu rejoins ainsi la criminalité ordinaire, celle des gens qui ne savent pas mentir. Tu effaces toute trace.

5/22/2011

Plus compliqué

Comment voyez-vous les choses, dit le Journaliste? Tout le monde le sait, les Etats-Unis vivent aujourd'hui au-dessus de leurs moyens, dit le Colonel. Les caisses sont vides, leur monnaie ne vaut pour ainsi dire plus rien. Qu'est-ce que vous faites dans ces cas-là? C'est très risqué, dit le Journaliste. Vous voyez bien que non, dit le Colonel. Soit, dit le Journaliste. Et après? A chaque jour suffit sa peine, dit le Colonel. Mais encore, dit le Journaliste? Vous avez la banque mondiale, la banque centrale européenne, d'autres institutions encore de ce genre, dit le Colonel. Que voulez-vous de plus? Vous ne mentionnez pas la  banque centrale chinoise, dit le Journaliste. Là, je le reconnais, ce serait plus compliqué, dit le Colonel.

5/21/2011

Quelle idée

Aussi, quelle idée de descendre en de tels endroits*, dit l'Auditrice. Même en Europe, j'hésiterais à le faire. Autant, directement, louer une suite à Langley**. A force de vivre comme ils vivent, ils finissent par perdre le sens des réalités, dit l'Avocate. Ils n'imaginent pas que de telles choses puissent leur arriver. Cela ne leur traverse même pas l'esprit. Renversons les termes du problème, dit le Double: l'agent provocateur, peut-être, c'était lui: non pas elle, comme beaucoup le pensent, mais lui. Ce n'est pas la ... qui voulait le piéger, mais bien l'inverse: lui qui voulait piéger la ... Parfois, comme tu le vois, ça marche. Arrête, dit l'Etudiante: tu portes atteinte à la démocratie.

* Un hôtel 4 étoiles à New York.
** Banlieue de Washington. La CIA y a installé son quartier général.

5/19/2011

Inopinément

On pense aux années 48-49, dit l'Ethnologue: le procès Rajk, d'autres choses encore de ce genre. On en est revenu à cette époque. Des membres de la caste au pouvoir passent inopinément à la trappe, victimes de règlements de compte internes. 48 heures s'écoulent, et on les voit alors réapparaître, hâves et défaits, encadrés par des membres des services de sécurité (les fameux "organes"). Ces scènes nous sont familières, elles traînent dans tous les livres d'histoire. Les costumes eux-mêmes n'ont pas beaucoup changé: chapeaux mous, gabardines, etc. Seule différence, on n'accuse plus aujourd'hui les gens d'espionnage ou de trahison. C'est passé de mode. Les crimes sexuels ont pris le relais. Viennent alors les journalistes qui se demandent, avec une gravité feinte, si c'est vrai ou faux. Justement, dit le Collégien: c'est peut-être vrai? Je vais te dire, dit l'Ethnologue: ça n'a aucune espèce d'importance.

5/18/2011

Se promener

On peut très bien aller se promener aux Etats-Unis, dit l'Auditrice, ce n'est pas en soi un problème. Mais tu sais les risques que tu prends*. C'est-à-dire, dit le Collégien? Aujourd'hui même, sur France Info, un étudiant a raconté sa propre histoire, dit l'Auditrice. C'était il y a sept ans, l'étudiant se rendait comme touriste aux Etats-Unis. Pour une simple plaisanterie dans l'avion, une dizaine de flics l'attendaient à l'aéroport. Ils lui ont tout de suite passé les menottes, avant de l'embarquer. Ce n'est que quinze jours plus tard, non sans mal d'ailleurs, qu'il a pu retrouver la liberté. Il a aussi dit à quoi ressemblait une prison américaine. Vous qui entrez ici, perdez tout espoir. Les Etats-Unis sont quand même un Etat de droit, dit la Poire. Il y a des juges, des procureurs, etc. Demandez un peu à Polanski ce qu'il en pense, dit l'Auditrice: je veux dire, des juges, des procureurs américains. Tout le monde, aujourd'hui, se focalise sur Guantanamo, dit l'Avocate. Guantanamo, en fait, n'est que la pointe émergée de l'iceberg. Il y a tout le reste.

* Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du Fonds monétaire international, est arrêté à New York, au motif qu'il se serait  rendu coupable d'une agression sexuelle.

4/30/2011

Les petits chéris

Que faire lorsque, comme c'est de plus en plus aujourd'hui le cas, on se trouve importuné par des voyous, dit le Double: par exemple dans le RER? Quelle attitude adopter? Comme toujours, il faut partir de la réalité, dit le Colonel. En l'occurrence, tu n'as pas seulement affaire aux voyous mais aux dirigeants. Les voyous sont les petits chéris du régime, ses mercenaires en quelque sorte. De plus, ils jouent un rôle important dans le fonctionnement d'ensemble du système. Il te faut donc être prudent dans tes réactions. Tu ne peux pas faire n'importe quoi. Quelle attitude adopter? Change de place si tu en as la possibilité, autrement regarde ailleurs. A l'extrême limite, actionne le signal d'alarme. Mais évidemment sans te faire repérer. Il n'y a pas en fait de solution. Pense à ta santé, c'est ça d'abord qui compte. Ensuite passe me voir.

4/29/2011

Tout regrouper

Regarde ce titre, dit l'Etudiante: "Il faudrait noyer des vallées pour se passer du nucléaire". Joli, non? Le mieux encore serait de tout regrouper, dit l'Ethnologue: une dizaine de centrales dans lesdites vallées, ensuite, juste au-dessus, un lac d'accumulation. On ferait ainsi des économies d'échelle.

4/18/2011

Quand même pas

Fermer tous les aéroports, je ne serais pas contre, dit l'Avocate. The sooner, the better. Quand même pas, dit la Poire. Je sais que vous aimez bien le tourisme de masse, dit l'Avocate. Je comprends donc votre réaction. Il n'y a pas que le tourisme de masse, dit la Poire. Pensez à tous ces chercheurs, universitaires, etc. qui sillonnent la planète pour participer à des colloques. J'aime la culture, je ne veux pas la mort de la culture. Je vois que, comme moi, vous avez lu les livres de David Lodge, dit l'Avocate. D'après lui, cinquante pour cent des sièges d'avion, à certains moments de l'année, sont occupés par lesdits personnels. Cinquante pour cent, effectivement, c'est beaucoup. Si je veux la mort de la culture ? De cette culture-là, oui sans doute. J'en éprouverais même une assez grande satisfaction. Mais il est normal que vous pensiez autrement. Telle que je vous connais, vous devez beaucoup aimer les colloques.

4/17/2011

Pendant

En somme, si je comprends bien, je ne pourrais plus prendre le TGV, dit le Collégien? Ni toi, ni personne, dit l'Ethnologue: Mme Bettencourt elle-même, malgré tous ses milliards, ne le pourrait pas. Les TGV continueraient peut-être à circuler, mais à vide. Bref, à vous entendre, il faudrait tout supprimer, dit la Poire: la voiture, les TGV, les avions aussi sans doute ? Tiens, j'y pense, pourquoi ne pas décréter une interdiction du ciel européen, comme en Lybie ? L'Europe, zone d'exclusion aérienne: on ferme tous les aéroports. Vous ne vous rendez compte de rien, dit l'Ethnologue. Comme d'habitude, si j'ose me permettre. Vous ne savez même pas de quoi vous parlez. Vous êtes hors-réalité. Après moi le déluge, dit la Poire. Là encore vous êtes hors réalité, dit l'Ethnologue: ce ne sera pas après vous, comme vous le croyez, mais pendant.

4/15/2011

A ton avis ?

Pour savoir ce que coûte une chose, n'importe laquelle d'ailleurs, tu ne saurais te limiter aux seuls coûts directs (prix d'achat, frais de fonctionnement, d'amortissement, etc.), dit l'Ethnologue: il te faut également prendre en compte les coûts indirects. Pour la voiture, par exemple, ce qu'elle coûte en termes de morts et de blessés sur les routes, de pollution, de dégradation de l'environnement, etc. Normalement, de tels montants devraient être intégrés au prix du litre d'essence. S'ils ne le sont pas, c'est tout bonnement que s'ils l'étaient, les gens n'auraient d'autre choix que de renoncer à leur véhicule. Passons maintenant au nucléaire. On calcule aujourd'hui que sur un ensemble de 1000 réacteurs, il faut s'attendre, en moyenne, à un accident grave tous les dix ans (Le Monde, 6 avril 2011). A combien, à ton avis, s'élèverait le prix du KWh nucléaire (celui, par exemple, que tu consommes quand tu prends le TGV) si tu devais participer aux frais occasionnés par de telles catastrophes ? A ton avis ?

3/24/2011

A l'ancienne

Tout le monde le sait, on ne dira pas ici le contraire, dit l'Avocate: le Guide n'est sans doute pas quelqu'un de très moral. C'est un criminel de masse, mais un criminel à l'ancienne. C'est sur ce point que je voudrais insister. Car la criminalité est évolutive. S'il n'est effectivement pas très moral de tirer à balles réelles sur une foule désarmée, de procéder à des enlèvements de personnes, de déposer des bombes dans des avions de ligne, etc., que dirons-nous du nucléaire civil et des risques qu'il fait courir à des dizaines (pour ne pas dire des centaines) de millions de personnes, risques que les concepteurs et bénéficiaires de telles installations, eux-mêmes et leurs exécutants, leurs différents relais dans la sphère politique (députés, ministres...), etc., se sont toujours jusqu'ici employés à nier, alors même qu'ils en connaissaient l'existence ? Ne répondez pas tous en même temps.

3/15/2011

Le début de la fin

C'est vraiment le début de la fin, dit le Double. Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça*. Ca ne se passe jamais comme on croit, dit l'Avocate. C'est bête, n'est-ce pas ? Au moins, maintenant, savent-ils que de telles installations sont dangereuses, dit le Double. Tu plaisantes, dit l'Avocate. Ils l'ont toujours su. Simplement ils ne voulaient pas le savoir. Ni surtout que ça se sache. On voit aussi qu'ils ne maîtrisent rien, dit le Double. Ca aussi ils l'ont toujours su, dit l'Avocate. Mais ils s'en fichent. Et maintenant, dit le Collégien ? Tu n'as qu'à écouter ce qu'ils disent, dit l'Avocate. Ils vont renforcer les mesures de sécurité.

* Un tsunami endommage gravement la centrale nucléaire japonaise de Fukushima.

3/09/2011

Quel rapport ?

Résumons-nous donc, dit l'Ethnologue. Sur un des plateaux de la balance, vous avez les salaires des dirigeants: ceux des dirigeants mais aussi des bureaucrates des grandes sociétés et banques multinationales, etc. Leurs super-salaires, mais aussi leurs retraites-chapeaux, leurs indemnités de départ, leurs revenus patrimoniaux, etc., bref, tout ce qui leur permet de goûter sereinement et sans trop se culpabiliser aux joies de l'existence. Vous connaissez les chiffres. Et sur l'autre plateau? En France, par exemple, 8 millions de personnes, soit 13,4 % de la population, vivent aujourd'hui avec moins de 950 euros par mois. C'est le cas aussi d'un jeune sur cinq. 20 % des étudiants ne mangent que deux repas par jour. Etc. Quel rapport avec l'..., demanda le Collégien? Je recommence, dit l'Ethnologue: "Si, à l'instar d'Ayaan Hirsi Ali, on caractérise la culture de masse musulmane en référence à la soumission", etc.

2/27/2011

Ayaan Hirsi Ali

Tu vois qui est Ayaan Hirsi Ali, dit l'Auditrice. Il y avait un très bon article d'elle l'autre jour dans Le Monde (12 février). Juste ceci: "Les Moubarak et autres Kadhafi du Moyen-Orient ne sont pas des phénomènes tombés de la lune; ils sont le produit de l'absence de liberté inhérente à la culture de masse islamique. On s'accoutume très tôt à la soumission, dans cette civilisation". En attendant, dit l'Etudiante, ce sont eux qui se révoltent: eux et pas nous. Nous n'avons ni Moubarak, ni Khadafi, dit le Collégien. Certes, dit l'Etudiante. En revanche nous avons les ... au ... de ...; et aussi les ... du ..., les ... ; etc. Ce n'est pas exactement pareil, dit le Collégien. Qu'est-ce que tu crois, dit l'Etudiante: ils nous coûtent bien plus cher encore.

2/26/2011

D'avant

Le plus drôle encore, ce sont leurs commentaires, dit le Cuisinier: le Guide, vous rendez-vous compte, ce monstre, comment est-ce possible, et le peuple qui se soulève, que c'est beau, etc. Et alors, dit le Collégien? Les mêmes, aujourd'hui, qui se révoltent trouvaient autrefois tout cela très bien, dit le Cuisinier. Tous ou presque étaient derrière lui. J'irais même plus loin encore, dit l'Ethnologue. On ne peut jamais dire qu'il y ait d'un côté le peuple, et de l'autre le tyran: ça n'existe pas. Quand on dit qu'il y a un tyran, forcément aussi, derrière le tyran, il y a le peuple qui soutient le tyran. Autrement il n'y aurait pas de tyran. Le tyran n'est ce qu'il est qu'à cause du peuple qui le soutient. On l'a vu jadis avec le ..., plus récemment encore avec le ... Ce qui ne signifie évidemment pas qu'il n'y ait pas d'opposants. Il peut très bien y en avoir. Mais ils ne sont qu'une infime minorité, des gens, en règle générale, d'ailleurs, que le peuple n'aime guère, qu'il tient même en haute suspicion. Maintenant, évidemment, c'est différent. Mais je ne te parle pas de maintenant: je te parle d'avant.

2/19/2011

Conséquences

Tiens, le Guide semble avoir quelques petits problèmes, dit l'Auditrice*. Oh, rien de grave. Il va régler ça très vite. Mais quand même. Il n'écoute pas les conseils qu'on lui donne, dit l'Etudiante. La Cheffe, l'an dernier encore, était passée le voir sous sa tente, histoire de lui faire admettre qu'il aurait peut-être intérêt à accroître la présence des femmes au sein de son gouvernement. 0 %, lui disait-elle, c'est trop peu encore. Certains pourraient vous reprocher de porter atteinte aux droits humains. Combien alors, lui avait demandé le Guide? Au minimum 90 %, lui avait-elle répondu. Idéalement, bien sûr, il en faudrait plus: 100 %, en fait. Mais on ne peut pas vous appliquer les mêmes standards qu'aux autres. Toutes les cultures se valent, on se doit de respecter la culture de l'Autre. Au passage elle lui avait expliqué ce qu'était le système des quotas. Le Guide, apparemment, est resté sourd à ses conseils. Qu'il s'étonne ensuite des conséquences.

* Des troubles éclatent en Lybie. Ils conduiront quelques mois plus tard à la chute du colonel Khadafi.

2/14/2011

Mutual Assured Destruction

Une expression résume bien le problème, dit l'Ethnologue: Mutual Assured Destruction. Son point d'application privilégié est la dissuasion nucléaire, mais elle est aussi applicable à d'autres domaines: aux relations de couple, par exemple. Lorsque tu as tout perdu, il te reste encore une possibilité: la destruction mutuelle assurée. Tu te détruis toi-même en même temps que tu détruis l'autre. On pourrait aussi parler de vengeance posthume. Assurément c'est un acte fou (MAD signifie fou). Mais pas plus fou, justement, que le fait d'acculer quelqu'un au désespoir. Il ne faut jamais acculer quelqu'un au désespoir. Même lorsque le rapport de forces t'est très favorable, que tu pourrais en profiter pour pousser très loin tes pions, tu as intérêt à respecter certaines limites. Ou alors tu te mets toi-même en danger. Les Grecs avaient un mot pour cela: l'hybris. L'hybris se paye toujours très cher.

2/13/2011

La Vache

La Vache est intervenue hier à l'Emission, dit la Poire. Il n'y a pas à dire, c'est une femme d'un grand courage. Elle a parlé du nouveau dispositif "alerte enlèvement d'enfants" de la police, dispositif permettant à chaque citoyen de prendre une part désormais active au travail des enquêteurs. On les alerte par SMS, ensuite c'est très simple: ils téléphonent. C'est un véritable homme d'Etat, elle sait prendre ses responsabilités. Arrêtez de dire des bêtises, dit le Cuisinier. Tout le monde sait quelle est la raison d'être réelle de tels dispositifs. Informez-vous un peu. Quant au soi-disant courage de la Vache, la Vache joue son rôle de Vache, c'est tout. Sauf erreur, les élections sont dans une année.

1/22/2011

Compris

Je termine un thriller, dit l'Ethnologue. Il s'agit de A Simple Act of Violence, de R.J. Ellory. Une cinquantaine de pages avant la fin, on lit: "Robey lui avait donné tout ce qu'il avait besoin de savoir, mais le lui avait donné de telle manière que cela ne pourrait jamais être compris" (p. 494). Personnellement je ferais le contraire. Ne pas leur donner ce qu'ils auraient besoin de savoir, mais ne pas le leur donner de telle manière que cela pourrait toujours être compris. Qui te dit qu'ils comprennent, dit le Collégien? En gros, ils comprennent, dit l'Ethnologue. Et les ..., dit l'Etudiante? C'est un cas à part, dit l'Ethnologue. D'une part, ils savent tout, on n'a donc rien besoin de leur donner. D'un autre côté aussi, qu'on le leur donne ou non, ils ne comprendront jamais rien.

1/20/2011

Management

Après le gouvernement entrepreneurial, voici l'église entrepreneuriale, dit le Double. L'église de... vient de s'attacher les services d'un spécialiste en management. Il ne faut pas mépriser le management, dit la Théologienne. Le management enseigne le calcul, la souplesse, la réactivité. Cela permet d'alléger les coûts, de maximiser les résultats. Les gens d'église, eux aussi, doivent se montrer performants: performants et compétitifs. Qui plus est, ladite église a émis une directive à l'intention de ses pasteurs, dit le Double: leur téléphone portable devra désormais rester allumé 24 heures sur 24. C'est la nouvelle normativité, dit la Théologienne. Le sujet au travail est celui d'une identification totale à l'entreprise. Mieux encore, il est lui-même une entreprise: entrepreneur de soi. C'est très motivant. Efficacité, économie, efficience, il n'y a que ça aujourd'hui qui compte. Si c'est vous qui le dites, dit le Double.

1/10/2011

En plus petit

Bref, pourrait-on dire, c'est une fable, dit l'Ethnologue. Une synecdoque, dit l'Avocate. C'est quoi une synecdoque, dit le Collégien? Une chose donnée, quelle qu'elle soit, mais en plus petit, dit l'Avocate. On pourrait aussi dire, la partie pour le tout. En tout cas le film leur plaît, dit l'Ethnologue: le désert, le vent, les grands espaces, etc. Ils aiment aussi beaucoup les bêtes féroces, dit l'Avocate. Mais les vraies, pas les fausses. Celles qui tuent pour de bon: loups, tigres, panthères, etc. As-tu déjà vu, par exemple, les yeux d'un tigre? Non, ça vaut le déplacement. Il y a un zoo à … En fait c'est ça l'enjeu, dit l'Ethnologue: il n'y en a pas d'autre. On discute de l'..., des ..., de la..., je ne dis pas que ce n'est pas important. Bien sûr que c'est important. On a complètement raison d'en parler. Mais là n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est ça: ça et rien d'autre.

1/07/2011

"Des dieux et des hommes"

Décidément, ça n'arrête pas, dit le Collégien. Cette fois, c'était à ... Ils ont tiré sur des fidèles, des gens qui venaient d'assister à la messe. Bilan, une vingtaine de morts. Il ne faut pas céder à l'émotionnel, dit le Politologue. Tiens, puisqu'on en parle, vous avez peut-être vu le film Des dieux et des hommes, dit le Cuisinier ? Non, moi non plus. C'est le grand succès de l'année. Les gens se pâment: ah, que c'est beau, etc. Et cette liturgie. Ils s'identifient peut-être aux victimes, dit le Collégien? Oui, je sais, dit le Cuisinier: Aristote, la catharsis, etc. Peut-être. C'est peut-être ça. Mais pas seulement. Je vais vous dire: ils voudraient bien que ça leur arrive à eux aussi. Oui, tout à fait. Ils ne le diront évidemment jamais comme ça, mais c'est ce qu'ils voudraient. Ou leur inconscient en eux. Ils n'aspirent qu'à ça. Devenir martyrs. Si c'est ça, ils vont être servis, dit l'Avocate.