Et les gardiens de camp, dit le Visiteur? Il ne faudrait quand même pas les oublier, ces gens-là. Un grand avenir les attend. Je ne les oublie pas, dit l'Auteur. Sauf qu'il est encore trop tôt pour en parler. Ils sont en formation. Où donc, dit le Visiteur? Un peu partout, dit l'Auteur: dans la rue, le RER, certaines zones prioritaires, en prison, etc. Tout est axé sur la pratique, on a renoncé aux cours ex cathedra. Et les évaluations, dit le Visiteur: comment vous y prenez-vous? On leur fait passer des tests, dit l'Auteur: naturellement ils ne s'en rendent pas compte. C'est mieux comme ça. Pourquoi donc, dit le Visiteur? Parce qu'autrement, on peut le penser, ils manqueraient de naturel, dit l'Auteur. Ils prendraient, certains diraient la pose. Avec ce système, non: ils se révèlent réellement tels qu'ils sont. On veille en revanche à créer un climat propice à leur épanouissement (par le développement de l'analphabétisme de masse, par exemple, ou encore de certaines formes de sous-culture). On tient aussi beaucoup à ce qu'ils puissent donner libre cours à leur créativité. Tout ce qu'ils ont envie de faire, ils le font. Ensuite, dit le Visiteur? Ensuite, c'est comme à l'ENA, dit l'Auteur: les mieux classés pourront choisir leur corps d'affectation.