Après le délit de regard, le délit d'emprise (1), dit l'Ecolière. Quand cela s'arrêtera-t-il? L'objectif est assez clair, dit l'Avocate: c'est le contrôle total. Remarque, on pourrait aussi parler d'emprise. Cela tombe bien. Ces lois "attrape-tout" (Soljénitsyne) servent ici de moyen. Il en va à cet égard de l'emprise comme de l'incitation à la haine. Le flou dont s'enrobent de telles expressions autorise toutes les dérives. Les lois antiterroristes entrent également dans cette catégorie. N'importe qui, aujourd'hui, peut se les voir appliquer. C'est d'ailleurs ce qui se passe. Sauf que le contrôle total ne sera jamais assez total. Il lui manquera toujours un petit quelque chose pour l'être vraiment: assez total. En cause, la liberté humaine. D'où, en permanence, la nécessité de nouvelles lois, allant toujours plus loin dans tous les domaines. C'est une première réponse. Il convient ensuite de s'entendre sur ce qu'on appelle délit. Certains disent que si le terrorisme n'existait pas, il faudrait l'inventer. Cela vaut aussi pour le reste. Les gens croient qu'il y a d'abord ceci ou cela, ensuite les lois anti-ceci ou cela. C'est évidemment l'inverse. Il y a d'abord les lois en question, ensuite seulement ceci ou cela (au besoin, effectivement, qu'on invente). Le viol des foules (il est vrai, le plus souvent, consentantes) par la propagande politique n'est pas un vain mot. Ces techniques sont aujourd'hui bien rodées. Mieux encore: elles deviennent à elles-mêmes leur propre fin. Il n'y a donc aucune limite, dit l'Ecolière? Des limites, si, bien sûr, il en existe, dit l'Avocate. Mais c'est toi qui les poses. A tes propres risques.
(1) Le Figaro, 25 novembre 2019, p. 3.