9/18/2019

Est-ce le cas?

Personnellement, je n'aurais pas fait ce qu'ils ont fait, dit l'Ethnologue. Ne serait-ce que parce que je ne sais pas le faire. Mais quelque part aussi je les comprends. A certains égards, même, ce qu'ils ont fait est hautement moral. Voler l'Etat voleur, quoi de plus moral? Qu'est-ce qui te fait dire que l'Etat voleur est voleur, dit le Collégien? Il y a deux approches possibles, dit l'Ethnologue. La première, la plus simple, consiste à regarder le niveau des prélèvements obligatoires. Jusqu'à un certain niveau, l'Etat ne saurait être qualifié de voleur: "Rendez à César ce qui est à César". Il perçoit son dû. Au-delà, en revanche, il y a un problème. César empoche ce qui n'est pas à César. L'autre concerne l'utilisation que fait l'Etat de l'argent public (1). Si ce que nous prend l'Etat était dépensé pour le bien commun, même si c'était beaucoup, on ne dirait pas que c'est du vol. Mais justement, est-ce le cas? A l'évidence non. Je ne pense pas ici seulement à leurs politiques de cour: supersalaires, dépenses somptuaires, distributions clientélistes, etc. A ça aussi, bien sûr. Mais pas seulement. Avant tout aux centaines de milliards que nous coûte l' ...-... Tu vois de quoi je parle. Qui prétendrait que ces décaissements soient conformes au bien commun? On aime ou on n'aime pas les fraudeurs du fisc. Mais dans la guerre totale que leur livre l'Etat voleur (à vrai dire, aujourd'hui, criminel), je suis de leur côté, non du sien. A un correspondant qui l'interrogeait sur ce qui le différenciait de Hobbes quant à la politique, Spinoza répondit: "Cette différence consiste en ce que je maintiens toujours le droit naturel" (2). Je suis sur cette ligne.

(1) Cf. "Eux-mêmes", 6 avril 2013.
(2) Lettre 50 (Oeuvres complètes, Pléiade, 1967, p. 1230).