Ces cérémonies m'ont beaucoup émue, dit la Poire. Vraiment. C'est bien de revisiter, comme ils le font maintenant régulièrement, le passé récent. Et ces petits parachutes tout noirs dans le ciel. J'en ai eu des frissons. Les dirigeants ont évoqué la liberté, la civilisation. Je ne sais si vous avez eu la même impression que moi, mais ils étaient très présents dans ce qu'ils disaient. On leur reproche volontiers leur insincérité. Qu'appelle-t-on alors sincérité? En plus, ils étaient tous là: ça faisait plaisir à voir. A l'exception, il est vrai, de Poutine: lui n'avait pas été invité. Voilà ce qu'il en coûte de se tenir à l'écart de la civilisation. C'est bien fait pour lui. Les années précédentes, les gens se déguisaient volontiers en costumes d'époque, dit le Collégien: bérets basques, uniformes d'opérette, faux flingues, etc. Sauf, cette année, que tout port d'arme, même factice, a été interdit. Etrange, non? Je suis pour le devoir de mémoire, dit l'Ecolière. Mais comme toute chose il a ses limites. Et ces vétérans nonagénaires, dit la Poire. Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est un peu quand même grâce à eux. Vous êtes très injuste, dit le Visiteur. Je ne sais pas si vous avez remarqué, dit la Poire. Mais il y en avait un, le Néerlandais, il sortait juste d'une réunion du groupe de Bilderberg. A quel point ils aiment la liberté et la civilisation, c'est touchant à voir.