On peut aussi partir des conséquences, dit le Visiteur. Et de là remonter aux intentions. On parle de guerre des sexes, en vérité il n'y a pas de guerre des sexes. Certaines femmes sont peut-être en guerre contre les hommes (il est vrai qu'elles le font savoir: leur haine est bien palpable. Haine idéologique, la pire, peut-être), mais l'ensemble des femmes, non. Elles ont bien d'autres soucis en tête (les autres femmes notamment). En sens inverse, on ne saurait dire non plus que l'ensemble des hommes soient en guerre contre les femmes. En guerre, non. Il sont plutôt dans l'esquive, l'évitement. Ils y regardent, par exemple, à deux fois avant d'adresser la parole à une femme. Ils savent à quels risques ils s'exposent en le faisant: judiciaires, en particulier. Beaucoup d'hommes hésitent par ailleurs à se marier, car ils craignent de se voir ensuite reprocher de ne pas consacrer assez de temps aux tâches ménagères. C'est aujourd'hui très chronométré. Mais ce n'est pas la guerre. Ce qui est vrai, en revanche, c'est que les deux sexes ont de plus en plus aujourd'hui tendance à s'écarter l'un de l'autre. C'est une des grandes découvertes de notre temps: les femmes peuvent très bien se passer des hommes, comme, réciproquement, les hommes des femmes. On est dans l'éloignement mutuel. C'est très nouveau comme phénomène. Reste évidemment une question: pourquoi les dirigeants poussent-ils, comme ils le font, à la roue dans ce domaine? Quelle est la fin poursuivie?