10/03/2017

En bref

Tiens regarde, dit l'Avocate. C'est le Figaro d'aujourd'hui*. Il n'y a rien qui te frappe? Pas vraiment, dit le Collégien. Tourne un peu les pages, dit l'Avocate. Voyons ça, dit le Collégien. Pages 2 à 4, "ISF: Macron pressé de lâcher du lest par sa majorité". Deux pages entières. Page 5: Las Vegas. Page 6: la Catalogne. Page 8: politique anglaise. Page 9: "Coup de semonce contre l'homéopathie". Ah oui, page 10: "Clandestin et délinquant multirécidiviste, le tueur de Marseille n'a jamais été inquiété". C'est vrai, ça vient tout à la fin. Page 10! Tu connais leur grand souci, dit l'Avocate: "apprendre à vivre avec le terrorisme". Eh bien voilà. C'est une aide à l'apprentissage. Autre chose encore? Peut-être, dit le Collégien. Tout en bas de la page, à droite, il y a une rubrique intitulée "En bref". Les faits divers, je pense. En l'occurrence, deux: une histoire d'euthanasie, d'une part, d'incendie criminel de l'autre. Cette scène à Marseille est donc présentée comme un fait divers. Juste, dit l'Avocate. Le vocabulaire utilisé le prouve aussi: "Le tueur de Marseille". La routine, quoi. Des tueurs comme ça, on en croise tous les jours. En page 10 du Figaro, par exemple. Sauf que ce type n'est pas simplement un tueur. C'est un égorgeur. A aucun moment, l'article ne dit qu'une des deux filles a été égorgée. S'il l'avait dit, l'effet de banalisation aurait été annulé**. Il ne l'a donc pas dit.

* 3 octobre 2017.
** Cf. Anne-Marie Delcambre, L'Islam des interdits, Desclée de Brouwer, p. 65-66.