Regarde, dit l'Ecolière. Le dictateur Erdogan vient de faire arrêter en Espagne un de ses opposants, l'écrivain allemand d'origine turc Dogan Akhanti. Il figurait sur une "liste rouge"* d'Interpol. Un mandat d'arrêt international avait été lancé contre lui. On voit, par parenthèse, à quoi servent ces pseudo-organisations de lutte contre la criminalité, en réalité d'aide et de soutien aux pouvoirs en place, en particulier quand ils emprisonnent leurs opposants, accessoirement aussi soutiennent le terrorisme**. Tu ne savais pas que s'opposer au dictateur Erdogan était un crime, dit l'Avocate? Ca, oui, je le savais, dit l'Ecolière. Mais ce que je ne savais pas, c'est que ce savoir-là était à ce point partagé. C'est chose déjà ancienne, dit l'Avocate. En 2013 déjà, Erdogan avait fait arrêter et coffrer en Italie un militant belge des droits de l'homme. Ledit militant s'était permis de traiter de menteur un ministre turc de passage au Parlement de Strasbourg. Là encore, Interpol avait servi de relais***. J'ai peine à suivre, dit l'Ecolière. Je suis citoyen belge, je critique en France le dictateur Erdogan, en plus je dis la vérité, et Erdogan peut me faire incarcérer en Italie? Oui tout à fait, dit l'Avocate. Mais cela doit se faire dans les formes. C'est ce qu'on appelle l'Etat de droit. Il faut respecter les procédures, mettre les signatures au bon endroit, etc. Après quoi tout est permis. L'Etat turc, par exemple, est un Etat de droit. Il n'y a aucune hésitation à avoir à ce sujet.
* Le Temps (Lausanne), 22 août 2017.
** Cf. notamment Arnaud Dotézac, "Guerre de Syrie: La fin de la doctrine Obama", Market, No 126, 2015.
*** Voir "Nos petites...", 5 décembre 2013.