5/26/2017

Long chemin

Regarde, dit l'Etudiante. L'association des étudiants en médecine de ... a décidé de changer de nom: elle s'appellera désormais "association des étudiantes en médecine"*. Comme il y a maintenant plus d'étudiantes que d'étudiants, on a pensé qu'il fallait en tirer les conséquences. Voilà, c'est fait. L'égalité est un long chemin. Max Scheler a écrit autrefois un livre intitulé L'homme du ressentiment, dit l'Auditrice. Il aurait dû préciser que seul l'homme (au sens d'être humain mâle) est capable de ressentiment. L'être humain femelle, lui, en est complètement incapable. Je ne sais pas de quoi vous parlez, dit la Poire. Vos remarques sont déplacées. Je vous explique, dit l'Auditrice. Comme toutes les professions dont le statut social est orienté à la baisse, autrement dit se prolétarise si vous préférez, la médecine, aujourd'hui, a tendance à se féminiser. Mais aussi, comme vous le voyez, à s'idéologiser. Les deux choses vont de pair. Parce qu'elle se féminise, dit la Poire? Non, dit l'Auditrice: parce qu'elle se prolétarise. On peut aussi dire autre chose, dit l'Ethnologue. La médecine est aujourd'hui une branche de l'Etat total. Il est donc normal qu'elle en vienne à parler la langue de l'Etat total. L'Etat total, comme vous le savez, étant d'abord une langue: ce qu'Orwell appelait la novlangue. On en a ici une illustration. Bref, si je comprends bien, on a intérêt aujourd'hui à ne pas trop tomber malade, dit l'Ecolière.

* Le Temps, 26 mai 2017, p. 4.