A …, mon Université, les examinateurs ont reçu pour consigne de faire passer 80 % des candidats, dit l'Assistante : 80 %. Etonne-toi ensuite des conséquences. C'est une honnête contribution à la paix sociale, dit le Double: ça aussi ça compte. Les profs y voient surtout, je pense, un moyen d'accroître leur part du gâteau budgétaire, dit le Cuisinier. Plus tu produis de diplômés (même dévalués), plus nécessairement aussi tu est légitimé à revendiquer la création de nouveaux postes: "chercheurs", sous-chercheurs, chercheurs-adjoints, etc. Ils se construisent ainsi de petites baronnies. Vous ne croyez pas à la recherche, dit la Poire? C'est un tort. La recherche est notre avenir. Autrefois, un prof écrivait des ouvrages, dit le Visiteur. C'était ça sa vie. Compte un peu aujourd'hui les profs qui écrivent encore des ouvrages. Ils n'en ont tout simplement plus le temps. Non, car, "il (leur) faut produire des articles et des colloques à la chaîne" (1). Leur cote de notoriété en dépend. Ou ils ne produisent pas de colloques, mais ils sont alors marginalisés. Leur nom disparaît des rapports d'évaluation internationaux. Les colloques à la chaîne, c'est très bien décrit dans David Lodge, dit l'Avocate. Vous avez lu, j'espère (2). Plus les réunions administratives, dit le Visiteur. Vous n'imaginez pas. Ou encore le temps qu'ils passent à essayer de comprendre le fonctionnement de l'informatique interne, les mots de passe, les procédures de sécurité, etc. Alors les livres...
(1) Cité dans Le Figaro, 5 novembre 2015.
(2) Un tout petit monde, Rivages-Poche.