1/06/2016

Théorème

J'en reviens au théorème de Clausewitz, dit le Visiteur. Clausewitz dit que c'est la défense qui est à l'origine de la guerre, non l'attaque. C'est toujours, en effet, le défenseur qui décide s'il y aura ou non une guerre. Car soit il se défend, en quel cas, effectivement, il y aura la guerre, soit il renonce à se défendre, en quel cas, au contraire, on échappe à la guerre. "Un conquérant est toujours ami de la paix", dit Clausewitz*. Et de fait, beaucoup de conquêtes sont pacifiques. On cite même des cas, rares il est vrai, où l'armée du défenseur va jusqu'à prêter main forte à l'envahisseur (l'aidant, par exemple, à franchir un bras de mer). C'est rare, mais cela arrive. Bref, le véritable fauteur de guerre, ce n'est jamais l'agresseur, celui convoitant le territoire d'autrui pour s'y installer et le piller, y importer ses propres us et coutumes, en chasser ou tuer les habitants, violer aussi leurs femmes, mais bien celui s'opposant à l'agresseur, lui résistant les armes à la main. C'est lui qui est à blâmer. Au passage, relevons que si la soumission est ce qui permet d'échapper à la guerre, l'inverse est vrai aussi: la guerre est ce qui permet d'échapper à la soumission. Ces remarques ont une portée générale, mais concernent en particulier la guerre civile. Beaucoup craignent la guerre civile, et donc font profil bas, laissent les choses se faire. Ils suivent les consignes des dirigeants leur prêchant la reddition. D'autres, en revanche, non: ils ne se rendent pas. Le risque de guerre civile, aujourd'hui, il est là. C'est très préoccupant.

* De la Guerre, VI, 5.