7/12/2015
Julian Assange
L'erreur classique, celle à ne pas commettre, est de se situer sur le même plan que l'adversaire, dit l'Ethnologue. Il faut au contraire toujours bouger, changer de plan. C'est une erreur, par exemple, que de participer au jeu électoral. C'est comme si vous acceptiez de jouer aux cartes avec des tricheurs professionnels (en l'occurrence, les candidats officiels, soutenus par les médias et la supra-société). Vous savez d'avance que vous ne gagnerez jamais. Vous gaspillez votre temps et votre argent. Il en va de même de ceux qui rivalisent avec les dirigeants dans l'utilisation des nouvelles technologies (Internet, etc.). C'est la démarche de Julian Assange avec WikiLeaks. Assange utilise les nouvelles technologies pour les retourner contre les dirigeants, leurs utilisateurs privilégiés. Ce qu'il fait d'ailleurs avec talent. Mais les succès qu'il remporte sont d'ordre surtout tactique. Ils ne remettent pas en cause le rôle premier d'Internet en tant qu'outil de pouvoir et de contrôle social. Les dirigeants n'aiment guère Julian Assange, ils l'ont d'ailleurs, on le sait, condamné à mort. Mais la menace qu'il représente n'est pas pour eux la plus importante. La plus importante serait celle émanant d'individus ou de groupes qui, au lieu de rivaliser avec eux sur le terrain des nouvelles technologies, choisiraient au contraire de ne pas les utiliser. Car, alors, ils leur échapperaient. Plutôt, donc, que d'imaginer une nouvelle et énième manière de crypter vos courriels (décryptés, ils le seront de toute façon : avec les moyens dont ils disposent, les dirigeants en ont tout à fait la possibilité), apprenez à vous passer d'Internet. Là, réellement, vous changez de plan. C'est un geste stratégique.