3/26/2007

L'autonomie

Ca tombe bien, dit l'Auteur, je viens de lire le dernier ouvrage d'Alain de Benoist: Nous et les autres, problématique de l'identité (Krisis, 2006). C'est intéressant comme ouvrage. A. de B. dit que l'identité "ne peut être pensée que dans une dynamique, une dialectique, une logique de la différence toujours confrontée au changement" (p.79). Ca devrait plaire au Sceptique. Le Sceptique, comme vous le savez, ne croit pas aux essences éternelles. Moi non plus, d'ailleurs. A. de B. dit aussi: "Nul ne réalise seul sa destinée" (p. 71). Ici je serais plus réservé. Effectivement, comme il l'explique, le sujet individuel n'existe qu'en lien étroit avec l'élément communautaire (famille, peuple, Etat, nation, culture, etc.). Il est aussi le produit d'une certaine histoire, histoire qui se prolonge en lui, en même temps qu'il la transmet aux autres après lui. La société est donc bien première par rapport à l'individu. Tout cela est vrai. En même temps, il n'est pas niable que les valeurs individualistes ont aujourd'hui beaucoup gagné en importance. De plus en plus de gens aspirent à l'autonomie. Nul, peut-être, ne réalise seul sa destinée, mais beaucoup aujourd'hui le pensent (qu'ils réalisent seuls leur destinée). Non seulement, d'ailleurs, ils le pensent, mais ils vivent d'une certaine manière comme s'il en était déjà ainsi. C'est très nouveau comme attitude. Par là même, l'écart originel entre les valeurs individualistes et la réalité, s'il subsiste, n'en tend pas moins sensiblement à se réduire. L'idée d'un sujet "désengagé", libre de toute détermination a priori, acquiert une part au moins de vérité. C'est très typiquement un processus d'auto-réalisation. Le paradoxe, évidemment, est que cette évolution s'impose aux individus de l'extérieur: c'est la société elle-même qui pousse à l'autonomie! La société reste donc bien, en ce sens, première par rapport à l'individu. Tu ne parles pas d'Antigone, dit le Double. C'est un chapitre à part, dit l'Auteur. Mais tu as raison, on ne peut pas, dans ce contexte, ne pas en parler. Une prochaine fois peut-être.