12/16/2006
Une humanité à la dérive
Regarde aussi leurs têtes, dit l'Etudiante. Je parle des gens ordinaires, de ceux que tu croises tous les jours dans la rue. Beaucoup ont l'air malade, prématurément vieillis. Visiblement ils dorment mal, mangent plus mal encore. Il saute aux yeux par ailleurs qu'ils n'ont aucune activité physique. Ils sont souvent obèses, bouffis. Lorsqu'on pense à la place qu'occupe le sport dans la culture contemporaine, c'est quand même paradoxal. En fait, contrairement à ce qu'on croit volontiers, la pratique sportive est très minoritaire dans nos pays. Les citadins ne sortent, par exemple, que rarement de ville pour aller s'aérer dans la nature. Une majorité de jeunes, en particulier, n'ont pour ainsi dire jamais mis les pieds en forêt. On dirait qu'elle leur fait peur. On pourrait faire d'autres remarques encore. Un bon 25 % des gens, si tu les considères attentivement, ont des attitudes étranges, à la limite même morbides. Ils gesticulent, en viennent à parler tout seuls dans la rue, marmonnent des choses incompréhensibles, etc. Regarde aussi leur accoutrement. Aucun respect de soi, un laisser-aller complet (les femmes encore plus que les hommes, d'ailleurs). Bref, une humanité à la dérive. Comment en irait-il autrement, dit l'Ethnologue. C'est une réaction normale, naturelle. Observe un peu les plantes et les animaux. On ne peut pas transplanter les arbres et les fleurs sans prendre certaines précautions. Autrement ils dépérissent. Même chose pour les humains. Les êtres vivants exigent certains égards, on ne peut pas les traiter n'importe comment.