12/14/2006
Une autre ville
Il y a un quart de siècle encore, dit l'Auditrice, A... était une petite ville pleine de charme, accueillante et souriante. Il faisait bon y vivre et y flâner. L'activité culturelle y était intense (théâtres, librairies, maisons d'édition, etc.). Compare un peu avec aujourd'hui: des tags sur tous les murs, un marché de la drogue en constante expansion, des rues qui se vident dès la tombée de la nuit, etc. Bref, une autre ville. Moi qui habite le quartier historique, je peux te dire à combien exactement se négocie la boulette de cocaïne dans la région, car les transactions ont souvent lieu sous mes fenêtres. Je compte les billets. Les classes moyennes ont depuis longtemps quitté l'agglomération pour aller se réinstaller en périphérie, parfois même au-delà. Des nombreuses petites librairies des années 50 et 60, ils n'en subsiste plus aujourd'hui aucune. En contrepartie, les dirigeants ont favorisé l'implantation de vastes usines à décibels (bars, discothèques, etc.), drainant des populations mêlées venues de très loin à la ronde. Des rixes éclatent régulièrement au petit matin, nécessitant l'envoi d'ambulances, toutes sirènes hurlantes. Lorsque les gens se plaignent, le Guignol, scientifique de formation, en appelle à Descartes. Nos sens nous trompent, dit-il, la réalité n'est pas toujours réductible à la perception qu'on en a. Voyez, les chiffres sont à la baisse. Quant au Journal, il dit que les gens doivent apprendre à surmonter leurs émotions.