10/01/2006

Cela étant...

Cela étant, les conceptions philosophiques du pape ne sont pas exactement les miennes, dit l'Auteur. Sa conception du logos, en particulier, prête à contestation. Quand Jean parle du logos, le logos auquel il se réfère ne désigne pas simplement la raison, c'est beaucoup plus que la raison. C'est Dieu s'invitant parmi les hommes, s'invitant parmi eux pour les refaçonner, les renouveler de l'intérieur. On est très loin ici de l'hellénisme. La rupture est plus manifeste encore chez Paul, car, en l'occurrence, elle est pleinement consciente d'elle-même. Ce n'est pas en vain que Paul oppose, comme il le fait, sa propre prédication ("scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs") à ce qu'il appelle la "sagesse humaine". Une chose est la sagesse humaine (les "discours persuasifs de la sagesse", dit-il encore), autre chose la sagesse de Dieu. Or, précise-t-il, la sagesse de Dieu est "puissance de Dieu", elle est "justice, sanctification et délivrance". C'est ça la grande nouveauté. Contrairement au logos grec, le logos chrétien s'analyse comme "justice, sanctification, délivrance". C'est un instrument de transformation de la réalité. Or, en lisant le texte du pape, on se rend immédiatement compte que sa conception du logos est beaucoup plus grecque que chrétienne. Pour lui le logos s'identifie purement et simplement à la raison, à la raison et à rien d'autre. C'est la position thomiste. Avec saint Thomas, en effet, on assiste à une ré-hellénisation du logos chrétien. C'est un retour en arrière. Le pape est tout à fait dans cette ligne.