10/10/2006
Prendre rendez-vous
Le plus simple encore est de prendre rendez-vous, dit l'Avocate. Ce sont des professionnels, en règle générale ils comprennent assez vite. L'important est de leur montrer que tu parles sérieusement, que ce ne sont pas des paroles en l'air. En d'autres termes, ils ne doivent pas douter de ta résolution. Parfois même on n'a pas besoin de prendre rendez-vous: ça se passe tout seul (dans leur tête). Le Sceptique, par exemple, n'a pas eu besoin de prendre rendez-vous. Ils le connaissaient déjà très bien, ils savaient très bien à qui ils avaient affaire, je veux dire, de quoi il était capable. De quoi savaient-ils qu'il était capable, demanda l'Auditrice? Cinq ou six ans plus tôt, il avait fait un certain nombre de choses, dit l'Avocate. Ils n'ont jamais réellement pu prouver que c'est lui qui les avait faites. Mais ils avaient de bonnes raisons de le penser. Or, à l'époque, elles leur avaient causé des problèmes. A partir de là, ils se sont dit que ce qu'on a déjà fait une première fois, on est en principe capable de le refaire une seconde, peut-être même une troisième, etc. Ils ont donc préféré le laisser tranquille. Il faut en revenir aux fondamentaux, dit le Colonel. La dissuasion ne fonctionne pas seulement du fort au fort mais du faible au fort. Cela n'a naturellement rien d'automatique. La dissuasion ne fonctionne pas à partir de rien. Même très faible, le faible doit quand même disposer d'une certaine force, ce qu'on appelle justement la force de dissuasion. On ne doit pas non plus avoir froid aux yeux. Car, en cas d'échec de la dissuasion, le faible est rayé tout simplement de la carte. Il disparaît. Mais le fort risque de son côté de rester lourdement handicapé. Ce n'est pas un sort très agréable. Normalement, donc, je veux dire: si le fort n'est pas seulement fort mais raisonnable, la dissuasion devrait exercer son effet.