7/20/2025

Métaphore

Il faudrait ici relire le Prince, dit le Visiteur. Il est paradoxal en ce contexte de faire appel à Machiavel, mais comme tu le sais il existe plusieurs utilisations possibles de Machiavel. Je me réfère en particulier au chapitre consacré à la virtù. La virtù est chez Machiavel ce qui intervient pour rééquilibrer la fortune, qui autrement régnerait sans partage. La fortune désigne le hasard, mais par extension aussi, pourrait-on dire, l'ensemble des situations réputées sans issue. L'image ici qui s'impose est celle de l'encerclement. Faire preuve de virtù, c'est briser l'encerclement. Il faut parfois l'entendre au sens propre, en quel cas briser l'encerclement signifie foncer dans le tas, comme on le voit dans le roman de Barbey d'Aurevilly, Le Chevalier des Touches, qui contient plusieurs scènes de ce genre. En fonçant dans le tas, tu romps l'encerclement. Autrement, c'est une métaphore. Dans le cas qui nous occupe, le cercle existe bel et bien, sauf que la démarche n'est pas ici centrifuge mais centripète. Mais le problème est le même. Le cercle a l'air bien fermé et verrouillé, et dans une certaine mesure il l'est, mais il te faut partir du principe qu'il ne l'est pas. Et s'il l'est quand même, tu t'arranges pour le déverrouiller. Tu l'enfonces, ou le troues. C'est en cela même que consiste la virtù. Ce sont des choses que tu découvres en les faisant. La pratique, en ce sens, précède la théorie. Mais on pourrait aussi dire l'inverse : la théorie devient elle-même une pratique. On avait déjà abordé le sujet il y a quelques semaines. A ta guise.