4/09/2019

Prémisses

Regarde, dit l'Ecolière. C'est extraordinaire. Elle veulent maintenant créer deux parlements: un pour les hommes, l'autre pour les femmes. Deux parlements élus séparément, mais qui siégeraient ensemble. On réaliserait ainsi l'égalité de genre. Elles oublient les personnes intersexe, dit le Collégien. C'est aussi un genre, selon ma prof. Il faudrait en fait trois parlements. Quatre, dit l'Ecolière. Tu oublies les non cisgenre. Dois-je vous rappeler la formule d'Arendt, dit l'Avocate: l'idéologie comme logique de l'idée. C'est l'une des deux composantes du totalitarisme (l'autre étant la terreur). Certaines prémisses étant posées, on en tire certaines conséquences, puis les conséquences des conséquences, d'autres encore, etc. C'est très exactement ce qui caractérise une idéologie: l'idéologie, comme enchaînement sans fin. Ayant posé ça (en l'occurrence, le genre, mais ce pourrait être n'importe quoi d'autre: la classe, la race, l'antirace, l'espèce, etc.), je suis logiquement conduite à poser également ça. Puis ça. Et encore ça. Et ça. Etc. On s'écarte ainsi toujours plus de la réalité. Le critère du vrai n'est plus ici l'adéquation à la réalité, mais la simple cohérence de l'idée avec elle-même. Autrement dit, on est dans une bulle (la bulle idéologique, justement), on ne voit plus que ce qu'il y a à l'intérieur de la bulle. Tout le reste s'efface (avec l'aide, il est vrai, parfois de la police). C'est une forme de narcissisme. Sauf qu'à un moment donné, forcément, la réalité se rappelle à notre bon souvenir. Et la bulle éclate.