1/10/2019

Sous le Pont Mirabeau

Quelle honte de s'en prendre, comme il l'a fait, à la police, dit l'Ecolière. Franchement je suis choquée. Certes, il n'a fait que se défendre. C'est la police, la première, qui l'avait agressé (en l'arrosant, comme c'est maintenant la règle, de gaz toxiques). Il a donc usé de son droit à la légitime défense. Je suis loin quant à moi de ne penser que du bien de la légitime défense. On ne sait jamais exactement où cela mène. Pour autant, puisqu'il existe, on voit mal pourquoi on ne l'utiliserait pas. D'autant qu'en l'occurrence, la réaction a été plutôt proportionnée. J'ignore si à la place de cet homme j'aurais fait montre de la même retenue. Mais je parle pour moi. J'aurais volontiers, par exemple, prolongé un peu la petite leçon de boxe qu'il leur a donnée. Juste un peu. A sa place également, je me serais intéressée aux donneurs d'ordres. Leurs noms sont connus. On oublie trop souvent les donneurs d'ordre. C'est une erreur. En envoyer un ou deux barboter dans l'eau voisine ("Sous le Pont Mirabeau coule la Seine") ne m'aurait personnellement pas trop perturbée. Cela étant dit, je n'en maintiens pas moins ma position: se défendre contre les déchaînements policiers (gazages et/ou matraquages sauvages, grenades explosives, tirs LBD 40, près de 2000 blessés à ce jour) me révolte profondément. C'est porter atteinte à la République. Certains ne manqueront évidemment pas de dire : et alors? A partir de là on arrête la discussion. La République est au-dessus de toute discussion*.

*" ' La République est au-dessus de toute discussion ' équivaut à cette croyance: ' Le Pape est infaillible '. Toujours des formules! Toujours des Dieux!" (Flaubert, Correspondance, Pléiade, t. IV, p. 314).