C'est comme quand ils disent que ces pays sont des démocraties, dit l'Avocate. Ces pays ne sont évidemment pas des démocraties, ce sont des dictatures. A géométrie variable, il est vrai. Mais des dictatures quand même. Sur une échelle du plus ou moins, certains s'inscriraient tout au haut de l'échelle, d'autres, peut-être, un peu plus bas. Mais un peu seulement. On se fait très mal voir aujourd'hui en disant ces choses. Mais elles n'en reflètent pas moins la réalité. Voyez le verrouillage des médias, les atteintes grandissantes au droit à la liberté d'expression, etc. Sur certains sujets, la censure est aujourd'hui totale. Partout, également, la justice est politisée. Ce qui se passe en Espagne n'est pas, à cet égard, particulier à l'Espagne. C'est le mode de fonctionnement normal de la justice, aujourd'hui, en Europe. Le numérique aidant, l'Etat s'est par ailleurs transformée en "oeil absolu"*, cherchant à tout voir, jusqu'aux pensées les plus intimes. Tout le monde, aujourd'hui, est fiché, étiqueté, tracé (enfin, presque tout le monde). On assiste, en parallèle, à la montée en puissance des services spéciaux, qui, comme aux Etats-Unis, sont aujourd'hui, de fait, le pouvoir décisionnel. Les étapes suivantes sont d'ores et déjà programmées : suppression de la monnaie fiduciaire, confiscation de l'épargne privée, restrictions à la liberté de déplacement (en particulier hors des villes), etc. Et les élections, objectera-t-on? Dans une dictature il y a toujours des élections. Elles aident au bon fonctionnement du système.
* Gérard Wajcmann, L'oeil absolu, Denoël, 2010.