Ils aiment se revendiquer de l'Etat de droit, dit l'Avocate. C'est leur air favori. L'Espagne est un Etat de droit, mais aussi la France, la Suisse, l'Allemagne, etc. Même Erdogan s'en revendique. Non complètement à tort, je pense. Si les pays que je viens de citer sont des Etats de droit, pourquoi Erdogan ne s'en revendiquerait-il pas? Je précise ma pensée. On dit volontiers qu'Erdogan est en train de s'éloigner de l'Europe. C'est peut-être l'impression qu'il donne, mais elle est erronée. Car en même temps qu'Erdogan s'éloigne de l'Europe, l'Europe, elle, dépense beaucoup d'énergie pour se rapprocher du même Erdogan: lui courir après, en fait. Voyez, en France, les lois dites antiterroristes (je dis "dites", car tout le monde, en réalité, sait à quoi elles servent, contre qui elles sont dirigées). Il est beau, leur Etat de droit. Et l'Espagne, justement. Là, soyons clairs. Jamais, au grand jamais, la police espagnole n'a eu recours à la torture pour faire parler les prisonniers de l'ETA, leur extorquer de faux aveux, etc. C'est pure calomnie que de le prétendre. Calomnie aussi que de dire que le gouvernement suisse en prend souvent à son aise avec sa propre constitution, qu'il interprète comme bon lui semble, quand il ne l'ignore pas purement et simplement. Ne parlons pas même de la commission de Bruxelles, qui vient de décider la mise en vigueur de la CETA, le traité de libre-échange avec le Canada, avant même que ledit traité n'ait été ratifié. Que, dès lors, le président catalan soit condamné à trente ans de prison pour n'avoir rien fait d'autre qu'exécuter le mandat que lui avaient confié les électeurs apparaît on ne peut plus normal.