3/01/2017

Audiatur

Vous vous souvenez peut-être de ce ministre du budget, il y a quelques années, qui perdit son poste à la suite de révélations sur ses avoirs présumés à l'étranger, dit l'Ecolière. Je n'ai pour ma part, et pour cause, jamais encore fraudé le fisc. Mais quand je vois les gens d'en face, ceux, en particulier, qui lui font la leçon, je suis fortement portée à faire mienne la formule de Cicéron: audiatur et altera pars. Soit, dirait cet édile (bien sûr, j'invente), j'ai volé l'Etat. Je lui ai même soutiré pas mal d'argent. Et alors? Sur quoi se fonde-t-on pour dire que voler l'Etat serait immoral? Juste, je pose la question. C'est une question philosophique. On vous serine: l'argent public profite au bien commun. En tant qu'ancien ministre du budget, je ne peux que vous dire: c'est faux. Non seulement l'argent public ne profite en rien au bien commun, mais il sert à financer toutes sortes de choses qui, objectivement parlant, lui sont directement contraires. Vous ne me croyez pas? Comme vous voulez. Oui, je sais, j'aggrave encore mon cas. Non seulement je vole l'Etat, mais je le calomnie effroyablement. L'Etat voyeur, ficheur, lui-même aussi, bien sûr, voleur, manipulateur, ennemi de son propre peuple, j'espère n'avoir rien oublié. Ah si, bobo, collabo, etc. N'interprétez pas mal mes propos. Je ne vous dis pas de faire comme moi. Vous voyez les risques. Mais je repose ma question: en quoi voler l'Etat, serait-ce immoral? Ne pas le voler moral?