Très vite après son élection, Trump a déclaré qu'il souhaitait mettre un terme aux guerres secrètes de la CIA, dit le Cuisinier. C'est vraiment bizarre comme demande. D'abord, est-on bien sûr que de telles guerres existent? Il faut se méfier des fausses rumeurs. Que n'a-t-on raconté, il y a une dizaine d'années, sur le rôle de la CIA dans l'apparition du djihad en Europe*? Ou encore, sur l'implication de cette même agence dans le trafic de drogue**? On ne prête, il est vrai, qu'aux riches. Mais il n'en faut pas moins garder son sang-froid. Ensuite, il prend des risques. Pensez à ce qui est arrivé, il y a une cinquantaine d'années, au président Kennedy. Lui aussi, à ce qu'il semble, voulait mettre un terme aux guerres secrètes de la CIA. Il y a là une leçon à méditer. Sauf (et c'est là la grande nouveauté) que Trump n'est pas seul dans sa démarche: il est soutenu par les militaires. Plusieurs d'entre eux, et non des moindres, ont été promus à des postes-clés au sein de la nouvelle administration (dont celui de directeur du renseignement). Les militaires affirment ici leur prééminence. Qui de l'armée ou de la police secrète d'Etat finira par l'emporter dans ce bras de fer hors du commun, il est bien sûr encore trop tôt pour le dire. L'oligarchie retient son souffle.
* Jürgen Elsässer,
Comment le Djihad est arrivé en Europe, Xenia, 2006.
** Alfred Mc Coy,
La politique de l'héroïne (l'implication de la CIA dans le trafic de drogue), Editions du Lézard, 1999.