12/14/2024
Par principe
En Algérie, comme tu le sais, ils viennent d'arrêter un écrivain, dit le Visiteur: il s'appelle Boualem Sansal et il a été arrêté pour "atteinte à l'intégrité du territoire national". En Suisse aussi, il y a quelque temps, on a coffré un écrivain, mais pas pour atteinte à l'intégrité du territoire national: pour infraction aux nouvelles lois LGBT. Ce qui est intéressant ce n'est pas qu'en Suisse comme en Algérie, ils mettent les écrivains en prison: ce qui est intéressant ce sont les réactions à ce sujet. En Algérie, un journal a écrit: "Une vérité fondamentale doit primer: aucun écrivain ne devrait être emprisonné pour ses mots ou ses idées. Le cas Boualem Sansal pose une question universelle et esentielle: celle de la liberté d'exprimer, de critiquer, de remettre en cause. Soutenir Sansal, c'est défendre le droit de penser et de créer librement, un fondement indispensable à toute société démocratique et équitable" (cité in Courrier international, No 1779 du 5 au 11 décembre 2024, p. 7). Voilà ce qu'on a pu lire dans ce journal. A ma connaissance, il ne s'est trouvé aucun journaliste en Suisse pour dire qu'il était inacceptable d'emprisonner un écrivain pour ses mots ou ses idées. Soit les médias suisses ont donné l'info sans la commenter, soit, carrément, ils ont félicité les juges pour leur décision. Le Sud global n'est assurément ni plus tolérant ni plus respectueux des libertés fondamentales que l'Occident global. En revanche, il y a encore dans le Sud global des gens qui ont le courage de critiquer l'Etat total, ce qui n'est plus le cas depuis longtemps dans un pays comme la Suisse. On ne peut même plus ici parler de servitude volontaire. Quand on parle de servitude volontaire, on part de l'idée que les gens choisissent de se soumettre. Là ils ne choisissent rien. Cela se fait tout seul.