C'était aujourd'hui même à l'Emission*, dit l'Auditrice. Ils parlaient de la révolution de 1917. L'invitée était une dame, elle enseigne l'histoire à l'Université de ... Sa spécialité, l'anticommunisme. Elle a même écrit un livre sur le sujet. Et donc on lui demande: comment devient-on anticommuniste? Ca vient d'où, cette chose bizarre? Tout y passe: les grèves, la presse bourgeoise, l'épidémie de grippe espagnole de 1918, etc. Tout, sauf qu'à aucun moment la dame n'évoque seulement le communisme lui-même: le communisme comme réalité. Rien sur le goulag (une des premières réalisations du régime, quand même). Ni sur les massacres de masse des années 30 et 40. Pas un mot non plus sur les procès de Moscou (thème d'un célèbre roman de Koestler). Etc. Même si on l'imagine très ignorante, la dame a certainement dû, une fois au moins dans sa vie, entendre articuler le nom de Soljénitsyne. Mais elle l'avait, ce jour-là, étrangement oublié. Bref, le lissage intégral. A aucun moment non plus, la sous-cheffe qui l'interviewait ne s'est estimée en droit de lui rappeler l'existence des crimes du communisme, encore moins de lui demander si elle ne pensait pas qu'ils aient pu jouer un rôle dans la genèse et le développement de l'anticommunisme. On n'interrompt pas ainsi les invités (ceux-là en particulier). Joli regard, n'est-ce pas, sur l'indépendance des médias, en même temps que sur la dénivelée actuelle de l'enseignement universitaire.
* Vers 12 h 45.