Ce qui est intéressant aussi, c'est l'attitude des gens, dit le Visiteur. Car elle évolue. On est moins aujourd'hui, comme autrefois, à dire: "On doit ce respect au pouvoir absolu, // de n'examiner rien quand un roi l'a voulu"*. Les gens n'en ont rien à faire aujourd'hui, du roi. Ils l'envoient assez volontiers promener. Enfin, certains. Mais jusqu'à il y a peu, c'était personne. Les gens se laissaient faire, acceptaient tout sans broncher. A la limite, même, en redemandaient. Les adeptes de la désobéissance civile, par exemple. Ils désobéissaient, certes, mais trouvaient ensuite tout à fait normal d'aller en prison. Oui bien sûr, M. le juge, merci M. le juge, vous avez complètement raison, M. le juge, etc. Ce type qui s'exile au Japon** n'est pas du tout dans la désobéissance civile. Ni davantage Assange. Ni Polanski. Eux n'acceptent rien. Ils disent au juge: tu veux me mettre en prison, ...? Viens me chercher. C'est relativement nouveau comme attitude. Jusque là, on respectait le roi. Le roi et le droit. La procédure. Qui respecte aujourd'hui encore le roi? Le roi et le droit (le droit, on sait ce qu'en vaut l'aune)? La procédure? Viens me chercher, le roi. La désobéissance se transmue ici en révolte. Ce n'est, il est vrai, encore qu'un début. Le commencement d'un début. L'amorce du commencement d'un début. Mais c'est déjà ça.
* Le Cid, I, 3.
** Voir 6/7/17.