Ils parlent de l'image et de la dignité de l'Etat, dit l'Ethnologue. Ces propos me font rire. Qui d'autre, aujourd'hui, que l'Etat lui-même est responsable de la dégradation, effectivement préoccupante (enfin, n'exagérons rien), de l'image et de la dignité de l'Etat? Ils n'ont pas besoin pour cela d'aide extérieure. Ils font très bien le travail tout seuls. Pour le reste, comment croire un seul instant qu'on puisse aujourd'hui mener au sein de l'Etat le moindre début d'amorce de réflexion sur des sujets tels que ceux que vous me citez, sans qu'aussitôt les dirigeants n'interviennent pour y mettre le holà. L'intérêt de l'Etat n'est en aucune manière d'anticiper sur les risques possibles de crise sociétale (risques que certains n'hésitent d'ailleurs pas à considérer comme des non-risques - un pur produit de l'imagination, n'est-ce pas: il est dramatique d'y ajouter foi), il est au contraire d'anesthésier au maximum les populations en leur distribuant des soporifiques. Logique, puisque, comme cela a souvent été dit, l'Etat s'emploie lui-même à alimenter les crises en question pour les instrumenter à son profit. Nous savons tous également très bien, du moins je l'espère, que si de tels risques devaient un jour se concrétiser, nous ne pourrions compter que sur nous-mêmes. Non seulement l'Etat ne ferait rien pour nous protéger, mais s'il pouvait nous enfoncer davantage encore, il n'hésiterait pas.