Quand on dit que la France est aujourd'hui une dictature, les gens objectent: ce n'est pas vrai, vous exagérez, dit l'Avocate. A mon avis non: on n'exagère pas. Prenez le droit à la liberté d'expression. Vous savez très bien qu'aujourd'hui, en France, il n'est plus possible de ne rien dire sur rien. Au moindre écart, les gens se retrouvent aujourd'hui devant des juges, avec à la clé des condamnations s'élevant parfois à plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d'euros. Une manière efficace de museler les opposants, en même temps que de les ruiner. Au passage on admirera le zèle que mettent certains magistrats à défendre l'indépendance de la justice. L'indépendance de la justice, j'aime. Le droit de manifester ne se porte guère mieux. Si une manifestation leur déplaît, ce n'est pas compliqué, ils l'interdisent purement et simplement, laissant aux gardes mobiles le soin de gazer les manifestants et/ou de les passer à tabac. Pour compléter le tableau, vous avez maintenant l'état d'urgence, qui leur permet de fracturer des portes en pleine nuit, avant de saccager des maisons ou des appartements. Je n'irais pas jusqu'à prétendre que de telles scènes ne s'observent pas également ailleurs. C'est possible. Sauf que dans des pays comme l'Allemagne, l'Italie ou la Suisse, l'Etat total doit encore compter avec des restes de société civile: celle-ci jouant le rôle de frein, de tampon. En France, il faut le constater, pour diverses raisons sur lesquelles, d'ailleurs, il pourrait être utile une autre fois de revenir, il n'y a plus aujourd'hui de société civile. Et donc, je pense, le mot dictature n'est pas trop fort. On est bien en présence d'une dictature, même si, s'en étonnera-t-on, elle ne dit pas son nom.