10/12/2015

S'applique bien

Deux coalitions se font face, dit le Colonel. D'un côté, un bloc américano-islamiste (en fait djihadiste), articulé à l'OTAN et à certains Etats du Golfe; de l'autre, un bloc russo-iranien (incluant sans doute aussi la Chine). Le premier est à l'origine du processus en cours de reconfiguration au Moyen-Orient, avec extension à la Méditerranée et à l'Europe. Il pourrait être qualifié de révolutionnaire-expansionniste, avec, en prime, une composante génocidaire (le djihad proprement dit). Le second est dans une démarche, en revanche, qu'on qualifiera d'endiguement (containment). Cela étant, ni la coalition américano-djihadiste, ni sa concurrente russo-iranienne ne sont des blocs insécables, d'un seul tenant. Bon nombre d'Européens, par exemple, sympathisent avec la Russie de Poutine, en qui ils voient un recours possible contre l'empereur américain. Ils pensent aussi que Poutine pourrait les aider à régler le problème de l'... En sens inverse, on le sait, une partie des élites russes sont sous influence américaine. Les Russes parlent à leur propos de 5e ou même de 6e colonne. Au Moyen-Orient même, beaucoup de musulmans sunnites prient pour le succès de la coalition russo-iranienne, car ils sont hostiles au djihadisme et en particulier à l'EI. Ils ne veulent pas de l'instauration d'un tel régime chez eux. La ligne de partage passe donc à l'intérieur même de chacune des deux coalitions. C'est ce qu'on veut dire quand on parle de "guerre civile mondiale". L'expression est de Carl Schmitt, elle remonte aux années 30 du siècle dernier, alors que le monde était sur le point de basculer dans la Deuxième guerre mondiale. Elle s'applique bien à la situation actuelle.