12/31/2012

Anhistorique

Quand Marie-Charlotte* tue Marat dans sa baignoire, son geste ne doit pas s'interpréter comme un acte politique, dit l'Avocate. Je veux dire par là, elle ne cherche pas à obtenir un résultat. Elle ne se préoccupe pas non plus des conséquences. On est sur un autre registre. Lequel, dit le Collégien? C'est un acte de vengeance, dit l'Avocate. Qu'est-ce que tu fais quand un processus s'est mis en marche et que tu ne peux plus l'arrêter? Que le point de non retour est depuis longtemps dépassé? Bref, que tout est fini? Que la vie pour toi n'a plus de sens? Eh bien, tu te venges. La vengeance n'est pas un acte politique, elle excède au contraire toute espèce de politique. Elle s'inscrit dans le temps de l'histoire, mais elle-même est anhistorique. C'est le registre éthique: fais ce que dois, advienne que pourra. Sauf que rien ici n'advient, dit l'Etudiante. La vengeance n'est pas faite pour ça, dit l'Avocate.

* "Marie-Charlotte de Corday d'Armont", 23 janvier 2006.