9/17/2006
Il le dit bien
Le pape a évidemment raison, dit l'Auteur. On ne saurait que souscrire à ce qu'il dit. Sauf qu'il est très en-dessous de la vérité. Je ne peux ici m'empêcher d'évoquer la mémoire d'Oriana Fallaci. C'est elle, la première, qui avait parlé d'islamo-fascisme. D'autres, ensuite, ont parlé de fascislamisme, de fascisme vert, etc. Les nomenklaturas européennes essayèrent en vain de faire interdire son livre. Oriana Fallaci est décédée récemment, c'était une femme courageuse. Si l'Europe doit un jour être sauvée, ce sera par des gens comme ça. J'en reviens maintenant au pape. Encore une fois, il ne dit que le minimum, en fait le minimum du minimum. Mais ce minimum-là, il le dit bien. Pour ce seul et unique discours (je ne pense pas qu'il y en aura un deuxième), il restera dans l'histoire comme un grand pape. Les phrases qu'il contient n'ont évidemment pas été prononcées au hasard. C'est remarquablement ajusté comme propos. Ce n'est pas en vain, par exemple, qu'il a choisi d'illustrer son sujet, les rapports entre raison et religion, en citant un auteur byzantin du XIVe siècle, l'Empereur Manuel Paléologue, qui régna à Constantinople quelques décennies seulement avant la conquête de la ville par les Ottomans. Le pape suggère ainsi un parallèle entre notre propre situation à nous, Européens du XXIe siècle, et celle de Byzance au XIVe siècle. En creux se lit comme un appel à la résistance. Le pape comble ainsi le vide du politique, il fait que les pouvoirs civils n'osent pas faire (alors même qu'ils sont là pour le faire). Il désigne l'ennemi.