8/12/2007
Un mélange des deux
Ils n'aiment pas trop les émotions, dit le Sceptique. Ils disent que ça les perturbe. Ce qui les perturbe en fait, c'est d'entendre parler de certaines choses. Voilà ce qui les perturbe. Ces choses-là les angoissent, elles les obligeraient, s'ils les voyaient d'un peu près, à se remettre eux-mêmes en cause. Ils préfèrent donc les maintenir à distance. Mais laissons cela. Sur un point, je suis d'accord avec eux: quand ils disent qu'il faut rester maître de ses émotions. C'est toujours une faute que de se laisser envahir par ses émotions. Pour autant je n'irais pas jusqu'à opposer les émotions à la raison. Certaines colères sont saines. Saines, et parfois même "saintes" (Lytta Basset). Celles liées au sentiment d'injustice, par exemple. Certaines peurs sont également bien fondées. Celle de la charia, par exemple. Par parenthèse, je te signale un article de Monica Papazu dans le dernier numéro de Catholica (Eté 2007, pp. 141-157). Titre de l'article: "L'islam: mémoire et oubli de la chrétienté". C'est une bonne mise au point. Bref, les émotions ne sont pas toujours le contraire de la raison. J'irais même plus loin encore. Autant il faut veiller à ne pas se laisser envahir par les émotions, autant je me méfierais personnellement de la tendance inverse, celle consistant à en faire complètement abstraction, des siennes propres comme de celles des autres, d'ailleurs, pour tout sacrifier à la raison. Non seulement les émotions ne m'apparaissent pas comme quelque chose de négatif, mais je les considère comme particulièrement bénéfiques, bénéfiques à l'activité rationnelle elle-même. Elles contribuent utilement à l'aiguillonner, à la maintenir en mouvement. Autrement elle s'étiole. "La sublime raison ne se soutient que par la même vigueur de l'âme qui fait les grandes passions", disait Rousseau.